Cette musique composée pour une série de documentaires animaliers de la BBC en 1979 sonnera de manière inhabituelle aux oreilles contemporaines. Éloignée à la fois du classicisme romantique d'un grand orchestre et des approches plus pop qui ornent ce type de programme à la télévision de nos jours, elle se construit sur un orchestre de chambre, avec de fréquents passages aux bois. Si cela ne suffisait pas encore à la démarquer, le compositeur Edward Williams poursuit sa quête d'une sonorité venue d'un autre monde en jouant sur l'orchestration, l'ajout de touches subtiles d'altérations électroniques, et de manière générale sur l'amalgame entre des éléments de langage de la musique classique contemporaine et des expérimentations progressives des années 70. Ce qui donne cette impression de naviguer entre musique de chambre, ambiances de l'excellentissime album Stratosfear de Tangerine Dream, et instrumentations de Planets of the Apes (peut-être plus d'ailleurs l'interpolation de Schifrin pour la série TV que l'original de Goldsmith) .
La longueur maîtrisée de l'album évitera le reproche d'un manque de variété, la musique gardant sa tonalité générale et sa cohérence tout le long, mais avec de délicieuses variations. On regrettera par contre le son en mono, repiquée d'un vinyl, même s'il reste presque toujours propre. Sachant que le vinyl en question, pressé personnellement à l'époque par le compositeur à cent exemplaires comme cadeau aux membres de l'orchestre, est à ce jour la seule source connue pour cet enregistrement, on se réjouira donc au final qu'une pièce si originale et importante ait pu être sauvée de justesse de l'oubli et, pire, de la destruction.