L'autre jour je me baladais sur le site du label anglais So Recordings, qui compte parmi ses références principales le dernier Dinosaur Pile-Up (dont j'ai déjà un peu parlé), le très bon debut album des Magpies de Demob Happy ainsi que celui, non moins remarquable, de Broken Hands. Et puis à côté de ces 3 jaquettes qui squattent assez massivement mon last.fm depuis quelques mois, trône celle de Life is Perfect, des Irlandais d'Only Rivals. Les critiques semblent enthousiastes, vantant l'audace de ce galop d'essai et promettant même au groupe un avenir céleste dans un futur proche. Avide de découvrir cette nouvelle pépite, je me lance donc semi-conquis dans l'écoute.
Plus dure en fut la chute. Moi qui m'attendais à un délire grunge/stoner suis mis au pied du mur dès le premier titre : on est bien plus dans l'emo qu'autre chose. Pourtant le nom du groupe tient en deux mots, curieux. Mais pas de doute : une intro de ballade puis un kick caricatural en Lam/Do/Fa/Sol, et enfin des chœurs mélancoliques nous invitant à plonger dans les ténèbres, plus que l'eyeliner et la lame de rasoir et je te vends ça en kit. Même les paroles semblent issues d'un générateur en ligne. Mais je m'accroche. L'intro de Grudge me rassure un peu, c'est bien senti, le son est lourd... puis la voix débarque et patatras. Et dire qu'on labellise ça rock alt en 2016... Frank Black creuse déjà sa tombe pour se retourner dedans.
L'ensemble de l'album est désespérément convenu, lissé, et la plupart des titres passent d'une oreille à l'autre comme n'importe quelle soupe FM calibrée au fil à plomb. Où est l'audace qu'on essayait de me vendre ? Les schémas sont téléphonés, que ce soit niveau structure ou sonorités ; l'octaver s'immisce quasi sur chaque couplet à la manière d'un autotune intempestif. Au début ça donne un petit côté Bloc Party pas trop désagréable, comme sur le single Sing ; mais la whammy c'est comme le chocolat blanc, quelques éclats ça va, un coulis et c'est l'indigestion. C'est réussi.
Il y a quand même quelques bouées de sauvetage dans cet océan de banalité. Je retiendrai surtout le riff de Dear Brother, en essayant d'oublier sa ressemblance avec Out of the Black... Ça donne un peu de corps à une deuxième moitié d'album bien fade au milieu des tiédasses Eventide et Too Many Churches. La vraie bonne idée est l'outro de There Are Rules, que j'ai vraiment appréciée. Un gros riff psychotique bien gras, qui met enfin la prod à son avantage et nous transporte le temps de 2 minutes de stoner. Mon pessimisme dira qu'il fallait juste que le chanteur la boucle, mon optimisme voit ça comme une ouverture vers de meilleures promesses pour la suite. En attendant, si ce premier album aura pu séduire les fans de BMTH et Fall Out Boy, et réunir des critiques plutôt positives dans la presse alt rock (gasp), c'est avec conviction que je me permets de rétablir l'équilibre. La vie est une pute.