Yusef Lateef - Live at Pep’s (1965)
Voici un bel Impulse de Yusef Lateef enregistré « Live at Pep's » comme l’indique son titre, à Philadelphie le vingt-neuf juin 1964. Il existe aujourd’hui des extensions avec des titres inédits mais, pour ma part, je ne parle que de l’album sorti en soixante-cinq, avec ses sept titres, tel qu’il parut alors, je m’appuie sur les précieuses notes de pochette de Don Heckman.
L’un des intérêts de cet album c’est d’entendre Yusef dans son costume de multi instrumentiste. C’est l’un de ses charmes indiscutables il aime jouer de différents instruments, les apprendre et les faire sonner à sa façon. Son instrument principal reste le saxophone ténor, c’est également un flûtiste remarquable, mais son domaine ne connaît pas de limite et sa pratique est multiple.
Dès le titre d’ouverture « Sister Mamie » il joue du shannas, c’est un instrument à double anche assez proche du hautbois dont un des meilleurs spécialistes est le virtuose indien Bismallah Khan qui fut autrefois écouté par les plus grands jazzmen. Cette pièce est magnifique !
« Number 7 » est d’abord illuminé par l’excellent trompettiste Richard Williams qui est un des attraits de cet album, puis Yusef joue un solo avec une flûte de bambou qu’il a lui-même fabriquée, ainsi on baigne dans une sorte de blues qui s’échappe vers la musique indienne ! On reste avec le blues sur la dernière piste de la face « 12 Tone Blues » avec un très beau et court solo de basse de la part d’Ernie Farrow.
La seconde face s’ouvre sur une reprise de « See See Rider », cette fois-ci le leader effectue son solo avec un hautbois, ajoutant encore une nouvelle palette aux couleurs de cet album qui, tout en s’avérant assez traditionnel dans ses choix musicaux, est une merveille dans la diversité des sons et des instruments.
« The Magnolia Triangle » la compo suivante est écrite par le batteur James Black, un hard bop traditionnel où le ténor se fait entendre, ouvrant la suite des solos, trompette et batterie. Le titre suivant « The Weaver » émane de la période où Yusef jouait dans le Cannonball Adderley Sextet, une période de sa vie pendant laquelle il a brillé au sein de ce magnifique orchestre, la pièce est excellente avec un Mike Nock au piano qui se distingue, ajoutant quelques dissonances bienvenues.
Pour finir « Slippin’&Slidin’ » avec Yusef à la flûte qui retrouve une rythmique vive et enjouée, pour dire au revoir…