Archie Shepp, Eric Le Lann – Live In Paris (1996)


Voilà un album que l’on pourrait classer dans la rubrique « pour collectionneur », plus particulièrement pour sa relative rareté, il n’est, en effet, pas trop facile à trouver, et pour un Cd, le prix peut sans doute être qualifié d’excessif. Il apparaît de temps en temps sur Discogs, toujours en petite quantité.


Je me le suis procuré car, pour la discographie de Shepp, je suis un peu arrivé à l’os, et je me dis qu’il peut constituer une bonne surprise, ou du moins délivrer quelques frissons rares, comme par exemple sur « The Man I Love » de Gershwin, qui est sur l’album, et rentre dans cette catégorie.


Et puis il y a également Eric Le Lann, un trompettiste un peu oublié peut-être, bien qu’il soit vraiment bon. J’ai beaucoup aimé son hommage à Chet Baker «I Remember Chet » , il était dans la salle, au New Morning, quand il a joué, là également, un an plus tard, quand il n’a pas joué, un peu avant que le drame n’arrive.


Il a enregistré aussi « Jazz Côte Ouest » qui est un peu collector. C’est un trompettiste qui mérite qu’on s’y intéresse, bien qu’il semble un peu moins à l’affiche. En quatre-vingt-seize, j’imagine qu’il était tout heureux de jouer en compagnie de Shepp, en tous les cas il est très à la hauteur.


On pourrait dire de cet album qu’il est dans la lignée habituelle des albums de Shepp de cette période, du post-bop avec pas mal de reprises, mais aussi des pièces qu’il a signées, « Dedicated To Bessie Smith » qui ouvre l’album ou encore « Hope two ». Des standards qu’il aime reprendre, c’est la langue commune des musiciens. Ici une reprise de « Ask Me Now » de Monk. Il y a également deux thèmes d’Eric Le Lann, « Circle » où il joue un superbe solo, et « Twins valse », une ballade.


Mais il faut également parler des autres musiciens, Richard Clements au piano, Wayne Dockery à la basse et Stephen McCraven, le père de qui vous savez, qui joue de la batterie. Comme souvent avec Shepp, l’album est live, enregistré au « Petit Journal Montparnasse » en juin quatre-vingt-seize. Il contient plus de soixante et onze minutes de musique et se montre généreux.


Pour finir il faut citer ce point qui est important, Eric est au niveau, il joue et se révèle un interlocuteur pertinent et avisé, il manifeste une grande sensibilité, sans jamais en faire ni trop, ni trop peu.

xeres
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le 7 sept. 2023

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