Un jour, j’écrirai un article sur la difficulté d’écrire des chroniques sur des albums qui se résument à « c’est bien, mais c’est juste bien » et je l’illustrerais notamment avec ce nouvel album de sleepmakeswaves, Made of Breath Only. Vous me direz que c’est aussi à cela que sert ma rubrique « les restes du samedi », ce qui n’est pas faux.
Dans le cas présent, une partie du problème vient de ce que sleepmakeswaves est un groupe de post-rock, genre qui peine notoirement à se renouveler. La musique de ce groupe australien entre dans la catégorie que j’appelle « post-rock solaire » (ou stellaire) et qui propose des compositions énergiques et lumineuses.
Made of Breath Only est le quatrième album du groupe – si l’on excepte une palanquée d’EP. Il compte dix pistes pour une durée totale d’à peu près une heure. La plupart des compositions font entre trois et cinq minutes, mais l’album compte également deux plus long morceaux, autour de dix minutes.
Soyons tout de suite clair: Made of Breath Only est un bon album de post-rock. Je serais sur ce point moins sévère que mon collègue de Neoprog, qui s’y est ennuyé. Il y a des très chouettes pistes, surtout dans la première moitié: « worlds away », « to light and / then return » et surtout « tundra ».
Je soupçonne néanmoins qu’il est trop long. L’intérêt décroît vers la fin du deuxième tiers de l’album et le post-rock étant ce qu’il est, sleepmakeswaves a du mal à se renouveler sur la durée. Avec quinze minutes de moins, cet album aurait été meilleur (et ça aurait fait un EP de plus).
Une chose est sûre: le groupe maîtrise son sujet. Avec plus de dix ans de pratique, ce serait malheureux. Je pense que, même en essayant, ils devraient avoir du mal à rater un album. Cela dit, il souffre d’un manque d’inventivité qui est, je le crains, propre au genre post-rock.
Mais malgré tout, Made of Breath Only est un bon album, qui ravira sans doute les amateurs du genre pas trop exigeants sur l’originalité. Il est satisfaisant à un niveau purement émotionnel, avec ses instrumentaux à base de grands espaces, d’énergie brute et d’ambiances glacées, mais risque de frustrer le mélomane plus averti.
Article précédemment publié sur alias.erdorin.org