La reprise comme clef du genre.
Il y a Montpellier ce disquaire. Ce genre de spécialiste dont on se dit que la niche dans laquelle il a choisi de sévir est tellement étroite que sa survie financière doit être le fait d’une poignée de collectionneurs fortunés et obsessionnels.
Me faire ressortir de son échoppe avec un disque de jazz afro-cubain joué par des blancs Californiens (le label Cubop) est sans doute un des faits d’arme dont ledit disquaire sous estime encore la porté a l’heure ou j’écris ces lignes. C'est-à-dire dix ans plus tard.
Au milieu du disque, trône une reprise époustouflante. Comme dans tous leurs disques, SnowBoy et ses petits gars offrent aux béotiens du jazz afro-cubain l’occasion d’en mesurer la portée stylistique. Il reprend habituellement un générique de série TV très connue. Dans un autre des ses opus vous trouverez une reprise tonitruante du générique des Flintstones, ici c’est « The New Avengers » qui claque. Je vous arrête tous de suite, il n’est pas question ici de dream team super héroïque mais bien de chapeau melon et bottes de cuir.
SnowBoy particulièrement bien épaulé par monsieur Gary Plumley (au saxophone sur ce morceau), démontre avec talent que, l’exercice de la reprise est sans doute l’outil ultime de vulgarisation des codes d’un genre musical.
Je m’explique.
Prenez un air connu, une série de notes que presque tout le monde sait fredonner après qu’on lui ait rafraichi la mémoire mélodique avec deux ou trois notes. Passer le au filtre d’un style musical tres codifié. Rythmique, tempo, arrangements, choix instrumentaux, gardez juste assez des éléments originaux pour que tout auditeur reconnaisse aux premières notes cet air vissé dans un coin de sa tête par des années d’itération audiovisuelle. Que va-t-il alors sauter a vos tympans ? Non pas la mélodie en elle-même, vous êtes capable d’anticiper cette mélodie. Chaque note n’est pas vraiment une découverte. Elle est un peu comme un des vers d’une poésie appris il y a longtemps et dont l’écoute des premières syllabes suffit à nous rappeler toutes les rimes. Comme une sorte de starter mnésique. Non, ce qui va se révéler a vos oreilles c’est bien le genre musical dans toute sa complexité. Instruments de prédilections, spécificité rythmiques, couleurs harmoniques, même inédites se retrouvent comme emballer dans un paquet aux couleurs familières. Comme une version western de Cendrillon ou Cyber-punk de Robin des bois. Vous connaissez le message, vous ignorez juste la langue dans laquelle il est formulé. Le code va vous être révélé car se trouve cote à cote dans le même espace temps, le connu est l’inconnu liés. Une bonne reprise c’est parfois comme une sorte de Pierre de Rosette.
Apres quelques écoutes de cette reprise, le disque tout entier m’est apparu différent. Comme si l’outil de compréhension qu’avait été ce morceau avait fait son œuvre en moi.
Manbo Rage n’est sans doute pas le meilleur album de musique afro-cubaine du monde.
Mais j’aime ce disque.
Me faire ressortir de son échoppe avec un disque de jazz afro-cubain joué par des blancs Californiens (le label Cubop) est sans doute un des faits d’arme dont ledit disquaire sous estime encore la porté a l’heure ou j’écris ces lignes. C'est-à-dire dix ans plus tard.
Au milieu du disque, trône une reprise époustouflante. Comme dans tous leurs disques, SnowBoy et ses petits gars offrent aux béotiens du jazz afro-cubain l’occasion d’en mesurer la portée stylistique. Il reprend habituellement un générique de série TV très connue. Dans un autre des ses opus vous trouverez une reprise tonitruante du générique des Flintstones, ici c’est « The New Avengers » qui claque. Je vous arrête tous de suite, il n’est pas question ici de dream team super héroïque mais bien de chapeau melon et bottes de cuir.
SnowBoy particulièrement bien épaulé par monsieur Gary Plumley (au saxophone sur ce morceau), démontre avec talent que, l’exercice de la reprise est sans doute l’outil ultime de vulgarisation des codes d’un genre musical.
Je m’explique.
Prenez un air connu, une série de notes que presque tout le monde sait fredonner après qu’on lui ait rafraichi la mémoire mélodique avec deux ou trois notes. Passer le au filtre d’un style musical tres codifié. Rythmique, tempo, arrangements, choix instrumentaux, gardez juste assez des éléments originaux pour que tout auditeur reconnaisse aux premières notes cet air vissé dans un coin de sa tête par des années d’itération audiovisuelle. Que va-t-il alors sauter a vos tympans ? Non pas la mélodie en elle-même, vous êtes capable d’anticiper cette mélodie. Chaque note n’est pas vraiment une découverte. Elle est un peu comme un des vers d’une poésie appris il y a longtemps et dont l’écoute des premières syllabes suffit à nous rappeler toutes les rimes. Comme une sorte de starter mnésique. Non, ce qui va se révéler a vos oreilles c’est bien le genre musical dans toute sa complexité. Instruments de prédilections, spécificité rythmiques, couleurs harmoniques, même inédites se retrouvent comme emballer dans un paquet aux couleurs familières. Comme une version western de Cendrillon ou Cyber-punk de Robin des bois. Vous connaissez le message, vous ignorez juste la langue dans laquelle il est formulé. Le code va vous être révélé car se trouve cote à cote dans le même espace temps, le connu est l’inconnu liés. Une bonne reprise c’est parfois comme une sorte de Pierre de Rosette.
Apres quelques écoutes de cette reprise, le disque tout entier m’est apparu différent. Comme si l’outil de compréhension qu’avait été ce morceau avait fait son œuvre en moi.
Manbo Rage n’est sans doute pas le meilleur album de musique afro-cubaine du monde.
Mais j’aime ce disque.
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le 16 août 2013
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