Joshua Abrams Natural Information Society – Mandatory Reality (2019)
Voici à nouveau un album de Joshua Abrams, cette fois-ci dans le cadre de la « Natural Information Society », un projet sorti en avril 2019 qui se nomme « Mandatory Reality », j’ai la version double Cd qui contient environ une heure et vingt et une minutes de musique, de quoi se plonger, avec douceur, longuement dans un bain hypnotique et méditatif…
Le chicagoan s’entoure de musiciens de qualité, on reconnait le cornettiste Ben Lamar Gay et le joueur de sax alto Nick Mazzarella qui sortirent des albums sur international Anthem, un petit signe également envers le percussionniste Hamid Drake qui, ici, joue des tablas et du tar.
Sont également présents Lisa Alvarado qui joue des gongs et de l’harmonium, Mikel Avery qui utilise le tam-tam et également les gongs, Ben Boye joue de l’autoharp électrique et du piano et enfin Jason Stein qui s’exprime au moyen de la basse clarinette. Le leader quant à lui reste fidèle à son guimbri, cette sorte de guitare à trois cordes pincées originaire de Guinée. Il faut ajouter que l’ensemble de ces musiciens est également crédité à la flûte dont ils jouent ensemble en fin d’album.
Quatre pièces ici, les deux premiers titres sont particulièrement longs, « In Memory's Prism » dure 23 minutes et trente-neuf secondes, « Finite » qui enchaîne s’étale sur trente-neuf minutes et cinquante secondes. Le rythme est ici très lent, très répétitif et l’évolution des morceaux est très progressive, avec des modifications millimétrées qui opèrent sans qu’on y prenne garde, ainsi l’auditeur est pris dans une transe hypnotique presque irréelle où le temps qui file est imperceptible, à tel point que l’album, particulièrement le premier cd qui contient une heure de musique, pourrait servir de thérapie et provoquer un endormissement pour peu que la position du corps le permette.
Il va de soi que l’album opère différent si on se concentre de façon analytique sur l’évolution de la musique ou si on se laisse emporter par le courant qui vous emmène et vous emporte. Il faut dire que la sonorité grave du guimbri, dans un registre comparable à la basse, est particulièrement efficace pour s’adresser directement à votre corps, surtout lorsque les motifs sonores sont répétés.
Imaginez l’effet de la clarinette basse conjugué à celui du guimbri, de l’alto répétitif et des rythmes lancinants des percus, vous serez bel et bien piégés dans les filets du sorcier, envoutés par la force ensorcelante de cette musique ! Toute la magie est là, contenue dans l’addiction qu’elle procure en vous proposant un endroit ouateux, chaud et protecteur où elle vous plonge…