Sonny Simmons ‎– Manhattan Egos (1969)


Voici un album que je possède deux fois, le premier c’est l’original acheté il y a très longtemps et qui se porte encore très bien. Le second c’est un cd qui contient en outre un concert de 1970, absolument épatant, il me le fallait ! Ce dernier fait très bien l’affaire pour l’amateur à la quête de bon jazz, certifié d’époque.


Les cinq premiers titres proviennent donc de l’album de 1969 enregistré aux « Sierra Sound Studios » de Berkeley au mois de février. Sonny Simmons joue du saxophone alto et du cor anglais dont il est un rare spécialiste appliqué au jazz, c’est un hautbois alto. Il est accompagné par son épouse, Barbara Donald, une trompettiste plutôt d’avant-garde et versée dans la musique free. Ils forment un duo formidable et complémentaire. Il y a également « Juma » à la basse et à la conga, en fait il s’agit de Juma Sultan, multi-instrumentiste qui joua un moment aux côtés de Jimi Hendrix. Il est également le pivot de l’ « Aboriginal Music Society ». Paul Smith joue de la batterie et Voodoo Bembe tient également les percus sur le titre « Seven Dances Of Salome ».


L’album s’ouvre sur « Coltrane In Paradise » un hommage, il est en effet impossible à cette période d’échapper à l’emprise tentaculaire du géant tellement il imprégna son époque. C’est très convaincant, tant au niveau des solos, trompette et cor anglais, que pour l’accompagnement rythmique. Si on se réfère aux enregistrements ESP de Sonny Simmons, il a enfin trouvé avec « Arhoolie », un label plutôt consacré au folk et au blues, un accueil de qualité pour ce qui concerne le rendu sonore.


Un petit mot pour « Seven Dances Of Salome » aux accents arabiques, le cor anglais fait merveille ainsi que les deux percussionnistes. Des chants se manifestent, crédibilisant la réalité orientale du propos, c’est très bien fait, très beau et nous transporte vers le Moyen-Orient bien plus rapidement qu’une fusée. Juste ce qu’il faut pour balancer dans une autre réalité…


On retrouve l’univers Colemanien avec « Visions », après « Prober » qui nous avait donné un avant-goût, Sonny à l’alto est vertigineux et nous montre à quel point il est grand, il déferle comme une tornade et impressionne, quant à Barbara Donald elle lui répond avec force et conviction, le feeling bien présent pour que tout roule…


Le concert au « Newman Center » de Berkeley du six novembre 1970 voit notre souffleur rejoint par Michael White au violon, Eddie Marshall à la batterie et Kenny Jenkins à la basse, quatre titres au menu, le son est un poil plus ramassé, mais l’énergie est bien là. Ça monte en température bien vite et Sonny se donne à fond, poussé par une rythmique d’enfer. Dès « Being Of Light » ça dépote pendant plus de treize minutes de folie, il est conseillé de pousser un peu le son car l’effet est assez compact.


C’est aussi l’occasion d’apprécier Michael White, un musicien intéressant qui a enregistré quelques beaux albums sur « Impulse », dans les années soixante-dix. Le violon en jazz possède avec Michael l’un de ses meilleurs représentants.


On se souviendra qu’il avait été question ici d’un autre album de Sonny Simmons sur « Arhoolie Records », l’excellent « Reincarnation », toujours avec Mme Donald, un « live » en famille sorti en 2015 !


De quoi passer d’excellents moments avec cet album !

xeres
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le 3 juin 2023

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