Après un décevant "Putain de camion", sans doute le moins bon depuis le démarrage de sa carrière, Renaud se relève un peu avec ce nouvel album.
Pourquoi écouter cet album
1/ Pas mal de jolies chansons, aussi bien travaillées sur la mélodie que sur les paroles. Même si on n'est pas obligé de partager ses prises de position ("Tonton", "Dans ton sac", "P'tit voleur'. Le gars a pris un peu plus de temps que d'habitude, mais c'est pas du travail baclé.
2/ Une vraie nostalgie émane de cet album, ou un paquet de regrets. Du genre, "on a essayé, on y a cru, mais était-ce vraiment possible". A mettre dans le même paquet, sans doute, sa vie, Mitterrand au pouvoir, changer le monde. Il se regarde aussi lucidement, comment il a évolué, il y met de sa vie, et il l'entremêle avec ses idées politiques. Il y a quelque chose de poignant à suivre ça, et peut-être encore plus rétrospectivement.
3/ Suivre la discographie du bonhomme t'emmène aussi à te regarder to-même. On continue à suivre, plus un homme qu'une oeuvre, ou un homme à partir de sa discographie, plutôt. Un homme imparfait, qui émeut, qui déçoit, mais que je n'arrive pas à repousser tellement il est homme, tellement il est français, et tellement il te montre ta propre réalité.
Pourquoi ne pas écouter cet album
1/ Parce que vous continuez de dire "Mittrand" quand vous voulez parler de Mitterrand. Renaud, dans cet album, ne s'est pas complètement départi de l'admiration qu'il porte à cet homme, en dépit de toutes les désillusions.
2/ Parce que les arrangements, pas franchement démodés, par rapport à ce qu'il livrait dans les années 80 (les années 70, du néo-réalisme, étaient encore sur une autre veine), ne sont pas non plus foufous. On voit qu'il a travaillé dessus, pourtant, mais est-ce autre chose que de la pop/rock de bon aloi ? Celle, qui, si on enlève les paroles, passait sur la bande FM tiédasse de l'époque.
3/ Parce que l'âge d'or est passé depuis 10 ans. On rentre désormais dans l'analyse de cas. Les non aficionados du bonhomme vont se lasser.
Bref, ne pas bouder son plaisir de revoir un gars qui a fait de la belle ouvrage quand même, sans mettre cet album sur le podium.