Septième album, donc, pour les post-rockers américains de Maserati qui, en toute logique, l’ont intitulé VII. Je vous rassure tout de suite: leur musique est quand même un poil plus originale que cela. Le groupe poursuit ici son évolution logique, du post-rock instrumental vers des contrées qui rappellent le rock électronique de Tangerine Dream et, par la même, viennent quelque peu piétiner les plate-bandes d’un God Is An Astronaut.
En fait, il faudrait plutôt dire qu’ils survolent brièvement les plate-bandes en question pour aller encore plus loin dans les influences mandarines: cet album inclut une palette de sonorités électro de la fin des années 1970 que n’auraient pas renié le trio allemand – sans parler du graphisme de la pochette, qui donne le ton sans hésitation.
Seulement voilà: le rock électronique, c’est bien beau, mais ça manque un peu de patate. Ça tombe bien: Maserati en a à revendre, de la patate. Du coup, au lieu de planer dans des paysages extra-terrestres aux couleurs improbables, on se retrouve à les traverser à bord d’une voiture de sport (comme par hasard), éventuellement en balançant quelques roquettes à gauche et à droite, pour le cas où il y aurait de l’hostile sur le chemin.
Les neuf morceaux (pour cinquante-quatre minutes) de l’album commencent sur les chapeaux de roues – précisément – avec un « San Angeles » survitaminé, mais tout à fait dans la lignée de ce à quoi le groupe nous a habitué. La familiarité continue avec les riffs si caractéristiques du groupe présents sur « Martin Rev ». Nouveau changement de vitesse avec « The Eliminator« , qui passe la surmultipliée sur un morceau plutôt court.
À ce stade, vous vous dites « fort bien, donc Maserati continue à faire du Maserati; c’est bien beau tout ça, mais on m’avait promis du Tangerine Dream, où est-il? » Résistant à l’impulsion première d’une réponse canonique, je vous rassure néanmoins, d’une part avec le fort bref (mais bien nommé) « Flashback », puis avec les dix minutes d’un « Abracadabracab ». Les plus malins d’entre vous auront noté la similitude avec « Abacab » de Genesis: il y en a aussi, mais dans un hommage mi-rock électronique, mi post-rock fort réussi (notamment un final grandiose).
L’influence électronique continue avec un « Solar Exodus » où surnage un vocoder qui fleure bon le début des années 1980 et son pendant « Lunar Drift », court, ambiant et planant. On repasse aux choses sérieuses avec « Earth-like », ultime escapade à haute vitesse avant le final « San Tropea » et son intro électro et ses mélodies à la guitare, la synthèse parfaite des deux genres.
Bref, je vous recommande d’autant plus cet album qu’il s’est à peine écoulé 24 heures entre son acquisition et la publication de la chronique y relative. Dire qu’il m’a tapé dans l’oreille est un euphémisme! VII est à placer dans le même répertoire « musique d’ambiance SF qui tabasse » que l’album éponyme de God Is An Astronaut ou d’autres du même genre (ainsi qu’un ou deux Tangerine Dream, tant qu’à faire) et à écouter sans modération, sur un fond de nébuleuses lointaines.