En 2013, les trois anglais de The Physics House Band sortaient Rapture/Horizon. Un premier mini-album d’une exigence et d’une créativité sans limites. Quelque part entre le rock progressif et psychédélique des 70’s (Yes, Genesis, King Crimson…) et les overdoses psychotropes de Omar Rodriguez-Lopez, le trio de Brighton avait su faire une proposition musicale déjà très aboutie. Quatre ans plus tard, ils reviennent avec un premier « vrai » album : Mercury Foutain.
Rock progressif : mise à jour en cours.
Depuis plusieurs années, le rock progressif connait une nouvelle jeunesse. Mars Volta, Steven Wilson, Animal As Leader, Tycho et bien d’autres s’inspirent des morceaux à rallonge des années 70 tout en étant tous diamétralement opposés entre eux. The Physics House Band pioche dans cette culture de la musique libérée et sans concessions. Un menu qui pourrait sembler indigeste, mais que le groupe maîtrise à la perfection. Au-delà d’être techniquement impressionnants, les trois musiciens nourrissent leur musique de synthétiseurs, d’accents jazz et metal ainsi que de notes psychédéliques. Mercury Fountain devient alors immédiatement un album référence en matière de rock instrumental et expérimental.
On se creuse les méninges, on s’explose de cerveau.
Bien que ce premier album soit assez court, à peine une demi-heure, le groupe n’a pas chômé. Mercury Fountain est exactement ce genre d’album qui nécessite de multiples écoutes attentives pour pouvoir en comprendre toute sa richesse. Aux premiers abords, Mercury Fountain est assez exigent. Les structures sont complexes, le jeu des musiciens est dense et les rythmes s’alternent sans cesse. Néanmoins, The Physics House Band sait trouver le juste milieu entre efficacité et branlette musico-intellectuelle. L’ouverture de l’album en est un probant exemple. « Mobius Strip » est assez simple dans sa composition. Une montée en puissance qui finit par tout exploser sur son passage. Les anglais y exposent leurs différentes facettes, du crescendo tout en tension aux passages plus musclés.
Le dyptique « Holy Caves »/« Surrogate Head » est également une franche réussite en nous embarquant dans une aventure sinueuse, entre calme et tempête. Le groupe lâche les rênes à la fin « Surrogate Head », l’occasion de savourer l’infatigable jeu de batterie de Dave Morgan. Le groupe sait également faire dans la douceur avec « A Thousand Small Spaces ». Très proche de ce que pourrait produire un artiste comme Tycho, ce morceau est un moment d’apesanteur au fin fond de l’espace. Un moment de répit où les guitares se font oublier un instant et où les synthétiseurs expriment toute leur sagesse.
Pas de doutes, on tient là l’un des meilleurs albums de l’année, toute catégorie confondue. Mercury Fountain est jubilatoire et généreux, bien qu’un peu court. The Physics House Band s’impose dans le paysage rock progressif sans sourcilier. Il est peut-être temps d’arrêter d’aduler les reformations de groupes morts depuis plus de 20 ans et de penser aux nouveaux talents qui n’ont rien à leurs envier.
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