source mon blog http://metaldoomination.blogspot.fr/2014/11/barabbas-messe-pour-un-chien-2014.html
Barabbas est un des rares, sinon le seul groupe français de la région parisienne, à propager la sainte parole Doom en français uniquement ! Je les avais déjà remarqué en février dernier via leur Bandcamp avec leur premier EP « Libérez Barabbas » sorti en 2011 et ma tête avait subi comme un éboulement sonore du Golgotha sur mes tympans de pècheresse métallique.
Barabbas le brigand libéré de la croix par Pilate a fondé sa propre Église du saint riff rédempteur où résonnent le chant incantatoire et rocailleux de Saint Rodolphe porté par les riffs plombés et obscurs de Saint Stéphane, la basse vrombissante de Saint Jérome et le martelement de Saint Jean-Christophe selon les commandements de la Trinité "Black Sabbath, Saint Vitus et Cathedral".
Aucun doute sur la rage de ce Barabbas qui transpirait déjà l'énergie de sa colère sur fond d'histoires bibliques réinterprétées à travers un Doom Metal sans concession, pesant et prenant à la gorge ses futurs adeptes à coup de masse.Et comme pour mieux nous convaincre, les filous usaient de mélodies et de grooves stoner à se pêter les cervicales...Du pur endoctrinement !!
En posant « Messe pour un chien » la nouvelle galette de « marbre » dans ma platine, je me préparais aux acouphènes et à ressortir ma minerve...
Et bien, pas que ! Globalement, Barabbas a mûri dans son écriture et les compositions se veulent moins « droit dans ta face » mais plus riches et travaillées ! On sent que le groupe a beaucoup profité de ses tournées et que la Parole est devenue plus complexe...
La Messe commence par une ambiance éthérée, atmosphérique (quelques claviers discrets) où la voix sourde et parlée monocorde sur « La malédiction de sainte Sélène » avec son intro répétitive et hypnotique, ponctuée de son du glas fait craindre une menace imminente sur fond d'interrogations..
« Le couteau ou l'abime » progresse dans un état de doute et d'auto-destruction. Saint Rodolphe laisse sa voix rocailleuse pour un moment avant de se faire tentateur et de déclamer sur fond de chœurs faussement angéliques tandis que la guitare part dans des soli démoniaques. Redoutablement efficace ! et la suite devient encore plus énergique, heavy et groovy ! On retrouve un mix entre le Cathédral de "The Ethereal mirror" et du High on fire.
« Le mâle Omega » ravage tout sur son passage avec son rythme endiablé presque punk et la voix de Rodolphe me rappelle Bernie Bonvoisin.
Avec le très sabbathien « Judas est une femme », on a, là, le titre phare le plus efficace, à la mélodie la plus persistante en mémoire ( Saint Earworm je suis maudite!) et combien convaincante! Que les « chiennes de garde » ne viennent pas ici montrer leurs crocs, cette « Messe pour un chien » ne fait que dire ce que certains pensent tout bas.
Car comme pour le très « headbangingsant » « La beauté du Diable » qui fait référence au Petit Chaperon rouge ( original!), le thème conducteur est finalement le tourment de la Tentation, le Manichéisme de la vie, la douleur des relations humaines pour risquer de finir comme un chien délaissé.
Coté texte, je salue le talent d'écriture qui passe très bien et fait sens (pas besoin d'anglais finalement!).
« Priez » et « Le Sabbath dans la cathédrale » m'ont un peu moins enthousiasmée même si l'ombre du Père fondateur Black Sabbath plane avec évidence et laisse parler l'Animal dans un lieu consacré. Et toujours ces soli d'Enfer !!
La Messe est dite dans le titre éponyme tout en douceur comme pour faire écho au début.
Après avoir longuement cherché, j'ai fini par trouver la similarité de ce riff répétitif à la reverb' particulière tout le long du morceau avec Dolorian – Voiwards un grand classique du Doom Black ! Que du bon!
Conclusion mélancolique, chant clair et recueillement pour finir crescendo par exactement le même riff d'intro d'album ! La boucle est bouclée !
Seul petit bémol, l'absence des Saintes Paroles dans le livret d'un digipack par ailleurs au superbe artwork.
Pour un groupe qui s'auto-produit, je trouve qu'un label devrait s’intéresser à eux vu leur talent car Barabbas, assurément, enfonce au marteau de Vulcain, le clou de notre crucifixion émotionnelle et auditive avec ce second opus.
4/5