Musique Classée X
7.7
Musique Classée X

Compilation de Alain Goraguer (2018)

Alain Goraguer – Musique Classée X (2023)


Cet album est en fait une réédition conforme à l’original, qui, lui, date de deux mille dix-huit. Il concerne les années soixante-dix qui virent naître ce genre, les films X et ce qu’il convient d’appeler le « porngroove », c’est-à-dire la bande-son qui accompagnait ces films, sans doute pas toujours des chefs-d’œuvre, mais qui avaient toutefois le mérite de permettre aux musiciens de travailler.


Il y a des B.O. qui sont très réussies, avec de la musique psyché bien sympa par exemple, et d’autres qui penchaient plutôt côté navet, impropres à sauver le film de l’anéantissement et de l’oubli. On imagine qu’avec de grands noms, même si Goraguer, par exemple, travaillait sous pseudo, nous avons plus de chance de tomber sur des merveilles oubliées, ou des chefs d’œuvres inconnus…


Bon là, c’est tout de même plutôt moyen, ou inégal disons, c’est peut-être dû au goût des personnes qui déterrent ces enregistrements inédits, peut-être ont-ils l’oreille un peu trop mainstream, mais pas grand-chose d’irrésistible musicalement. Une musique sans véritable personnalité, à sauver tout de même « Go Go GoReggae » en provenance de « Croisières pour couples en chaleur », dont le rythme est inconditionnellement entraînant et approprié.


Il y a également un orgue aventureux et bien sympa sur le bref « Birgit et le mâle du pays », avec des bruits bizarres sans doute en rapport avec l’action du film en question : probablement un arrachage de dents. La dernière pièce recèle une bonne nouvelle jusque dans son titre « Juliette, décoincée dans l’ascenseur », ouf ! On a eu peur pour elle ! Par contre les deux extraits d’ « Infirmières à tout faire » sont très convenus, même commentaire pour « Kikumi, paravent et par derrière », dont on attendait mieux.


Je passe à la face A, ayant par mégarde pris l’album à l’envers. Là c’est plutôt sympa pour le titre d’ouverture où « Marie-Jeanne », adepte de la propreté, « Astique le Pont », on ne saurait l’en blâmer, tant de matelots et de capitaines ayant glissé par mégarde sur le pont huilé et lubrifié. Toute cette face concerne le film « Croisières pour Couples en Chaleur », dont on devine, avec évidence, qu’il a été filmé sous les tropiques.


La seconde pièce « Post Scriptum Post Coïtum » est toute en atmosphère alanguie, on ressent ici, physiquement même, l’effet de chaleur moite, l’atmosphère collante de la sueur, induite par cette température élevée, nous projette malgré nous dans cette torpeur due à la montée anormale du thermomètre, l’accélération progressive du rythme de la musique ne nous laisse aucun répit. La troisième pièce est plus rafraîchissante, nous respirons enfin : « Annie a le vent en croupe », ça fait du bien ce sentiment de bien-être, provoqué par les éléments aériens.


Il me faut également vous parler du cahier d’activités joint à l’album. C’est très bon enfant, il y a un grand coloriage ou s’activent des personnes, toutes réunies dans un grand salon, qui semblent s’apprécier les uns les autres, dans un esprit de franche camaraderie. Tout se mêle, maîtres et valets, Madame La Baronne et Lucie, la soubrette.


Il y a également la rubrique point à relier, mais je ne saurais vous en dire plus, n’ayant pas encore réussi l’exercice parfaitement. On trouve également une galerie de personnages pratiquant la gymnastique, pré-découpés, que l’on peut placer à son gré dans un décor chatoyant, afin de créer des interactions amusantes, et ainsi laisser cours à son imagination, stimulant ainsi son esprit créatif.


En conclusion l’objet est beau mais assez dispensable.

xeres
7
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le 13 juin 2023

Critique lue 7 fois

xeres

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