Airto Moreira ? ... Peut-être que, comme moi, ce nom vous dit quelque chose, mais que vous ne parvenez plus à le situer ... J'ai donc fait quelques recherches, et j'ai croisé sur mon chemin des noms aussi prestigieux que Chick Corea, Keith Jarrett ou Miles Davis. Ce percussionniste brésilien méritait donc que je m'attarde un peu plus sur sa discographie et c'est donc naturellement que je me suis orienté vers son premier album tant il est vrai que les véritables artistes ratent rarement leur premier album et qu'il révèle des aspects de leur talent qui se confirmera dans les oeuvres ultérieures.
Voici donc mes réactions à chaud sur cet album de la jeunesse, enfin, il avait quand même 29 ans lorsqu'il décida de créer un premier album solo après son émigration à New York. La même année il participera à l'élaboration de l'album "Bitches Brew".
Présentons d'abord les musiciens présents ...d'abord la chanteuse Flora Purim, sa femme, qu'on surnomme déjà à l'époque la reine du jazz brésilien ... puis le clavièriste/flûtiste Hermeto Pascoal dont Miles Davis a dit qu'il était « le plus impressionnant musicien du monde. » ... et finalement le guitariste Sivuca, très populaire au Brésil à l'époque et qui sera internationalement reconnu à partir des années 70 ... sans oublier Ron Carter, le contrebassiste le plus enregistré de l'histoire du jazz, ayant participé à plus de 2.200 albums ... sans oublier, bien sûr, Airto Moreira aux percussions et au chant.
Voilà le décor planté, suffit plus que de passer aux choses sérieuses :
Dès les premières mesures on est au Brésil, sans conteste, un Brésil lumineux avec une guitare et des voix qui vous transportent ... une chanson séduisante et céleste ... on s'écarte d'emblée de la bossa nova si populaire à l'époque pour aborder des contrées musicales inattendues, inventives.
On sent l'influence de la samba dans le second morceau, mais c'est pour mieux la transcender et lui donner une coloration jazz ... cette fusion est suffisamment rare à l'époque pour être mentionnée.
Les percussions s'en donnent à coeur-joie pour le morceau "Terror", une longue improvisation de près de 10 minutes où les autres instruments viennent se greffer par moments pour donner un peu de chaleur à l'ensemble. Le morceau suivant "Bebê" termine la face A de manière magistrale, une sorte de ballade champêtre et radieuse bien typique du savoir-faire brésilien ... c'est bucolique et charmant.
On a hâte de retourner le disque pour découvrir la suite ... qui nous entraîne immédiatement de manière envoûtante ... ce disque a décidément une saveur particulière, on appréciera ici la richesse de la combinaison des voix d'Airto et de Flora ... on poursuit avec un morceau de jazz brésilien de facture plutôt classique pour mieux rebondir vers le morceau "The Tunnel" à l'ambiance suave, véritable petit joyau de délicatesse. Le morceau suivant, sautillant et joyeux est plutôt anecdotique, mais il apporte une note de candeur à l'album, et c'est donc avec une certaine curiosité que j'attends le dernier morceau "Liamba", histoire de voir si, comme je le pressens, l'album se terminera en apothéose ... et on a donc droit à une superbe courte ballade, où les voix d'Airto et Flora sont mises à l'honneur.
Il ne me reste plus qu'à poursuivre l'aventure en épluchant les nombreux albums qu'il a enregistrés. Dorénavant, lorsqu'on me parlera d'Airto Moreira, je saurai un peu plus de quoi il en retourne ...