L’histoire commence au début de l’été 2013, qui coïncide avec la sortie européenne de la deuxième galette de Dinosaur Pile-Up, trio originaire de Leeds et encore méconnu dans l’Hexagone à ce jour. Comme à l’accoutumée, c’est le très prolifique Matt Bigland, multi-instrumentiste fondateur du groupe, qui est à l’origine de l’écriture et de l’enregistrement de l’intégralité de l’album. C’est donc une oreille curieuse que je prête à Nature Nurture, me rappelant les belles promesses d’un Growing Pains (2010) inspiré mais un brin répétitif.
Le ton est donné dès la première piste. Si Arizona Waiting reste dans la veine de ses grandes sœurs, portée par des accords de puissance et une batterie insistante, elle est empreinte d’accents mélodiques résolument plus prononcés que sur le premier album – ce qui n’est pas pour me déplaire. Tendance confirmée dès le deuxième titre, choisi comme premier single pour la promotion de Nature Nurture. Derail est un hymne, la figure de proue de cet opus mêlant l’énergie du grunge aux mélodies pop-rock. Le cocktail est explosif : Matt Bigland a trouvé la recette.
L’album prend un premier virage avec Peninsula, où les allures de complainte musclée des deux premières chansons ont laissé place à un schéma graphique et entraînant, à l’image du refrain. Sur Heather, la rythmique soutenue – et notamment le formidable break en fin de chanson – fait oublier des paroles à la limite de la mièvrerie ; qu’importe. Summer Gurl et White T-Shirt And Jeans s’inscrivent dans la continuité, la première tenant ses promesses estivales, et la deuxième brillant par sa déconcertante simplicité.
Le deuxième tournant est incarné par The Way We Came, jouant le rôle légèrement cliché de l’« inévitable ballade », déjà endossé par Hey You sur le premier album. Mais cette fois, Bigland a tapé là où il fallait : déconcertante et subtile, cette septième chanson semble inciter chacun à sa propre interprétation. Une réussite, qui interpelle toutefois quant à ses futures interprétations scéniques, forcément en décalage. Draw A Line, quoiqu’un cran en-dessous, a néanmoins le mérite de nous remettre en selle pour la dernière ligne droite.
Celle-ci début par l’étonnante Start Again, avec laquelle Dinosaur Pile-Up sort des sentiers battus. La chanson est menée par une entraînante mélodie lead, contrastant avec la majorité des compositions de Bigland où les refrains brillent généralement par leur lourde rythmique. On apprécie l’effort, ainsi que le texte une nouvelle fois bien léché. C’en devient un euphémisme avec la mélodique Lip Hook Kiss, qui rappelle le début de l’album. Bigland y scande une des lignes marquantes de Nature Nurture : « I’d rather die than be admired living a lie as someone else ».
L’éponyme Nature Nurture vient clore un quasi-sans faute pour le trio de Leeds. Comme une confirmation, le texte est aussi sobre que remarquable. Lancinante et insistante, elle impose son empreinte comme une évidence, justifiant par là même son omniprésence dans l’univers du disque qu’elle parachève. Le message est clair : le train Dinosaur Pile-Up est maintenant lancé à pleine vitesse, et n’est pas près de dérailler.