The Peter Brötzmann Sextet / The Peter Brötzmann Quartet – Nipples (1969)
Il y a bien longtemps que je ne suis pas parti en quête d’une pièce de collection, mais c’est arrivé, récemment, pour un album que j’avais vainement cherché, il y a longtemps. Il s’agit de l’original de « Nipples », une pièce de Brötzmann qui date de 1969, sur « Calig », label allemand basé à Munich. Pourquoi un tel engouement ? Eh bien, il traînait la sale réputation d’être encore pire que « Machine Gun », plus fort, plus puissant, plus extrême. Lâs, je m’étais rabattu sur « More Nipples », un Cd issus des mêmes sessions.
Puis c’est arrivé alors que j’achetais un ou deux Cd sur Discogs, il était dans le magasin du gars et paraissait très écoutable d’après ce qui en était dit. C’est pour moi le point essentiel sur lequel il ne faut pas transiger. C’était juste trop cher, alors j’ai juste envoyé une proposition chiffrée, elle commençait par « Si vous souhaitez vendre votre exemplaire de « Nipples » dès maintenant, je vous en offre… », une proposition honnête et acceptable de mon point de vue.
Rien pendant deux, trois jours, puis une acceptation, et le voilà en écoute, juste un très léger voile fin de face une, mais c’est bon, la chose est faite et réglée, bientôt classée dans les rayons. Comme souvent quand on se penche sur les enregistrements lointains, la rage n’apparaît pas si folle, si immédiate, alors il faut un peu monter le son et recréer les moments d’alors avec son imaginaire.
Et là c’est l’inverse qui s’impose, quelle force et quel culot ! La face une en sextet et la deuxième en quartet, Brötzmann, Van Hove, Niebergall et Bennink à quatre, les mêmes avec Derek Bailey et Evan Parker à six, chacun à lui seul est une légende et un phare dans la nuit du free. Ces graines, plantées il y a cinquante-trois années ont créé tant de fruits, générées tant de musique dans une multitude de directions, que les écouter là, à travers ce témoin arraché au temps, c’est un peu comme s’offrir un vin rare et ancien, un cépage millésimé.
D’autant que la pochette de cet album est particulière et même unique dans sa conception, il y a en effet un dépliant collé sur la couverture. Sur un volet on peut lire une petite note manuscrite de l'artiste coréen Nam June Paik :
« I own only ten Records. 2 Mozarts, 1 Chopin, 1 Schuman, 1 ravi Shankar, 1 Beethoven and 2 Blötzman and Brötzmann records stand up very well among those masterpieces ».
Alors « Nipple » ou « Machine Gun » ? Lâchement je ne choisis pas et vous recommande les deux, avec « More Nipple » en sus, si vous aimez le free sauvage et débridé, certifié d’époque…