Saïan supa Alone !
Un énième opus de Leeroy après ses mixtapes, voilà un album plein de contrastes, moins de rap et plus de chant, des rythmes frénétiques, des mélodies diverses et variées et des thèmes malgré leur...
Par
le 3 avr. 2016
Le Saïan Supa Crew a bercé toute mon adolescence, bien avant l’explosion Angela déjà, et est responsable de mes premiers grands souvenirs scéniques (j’ai du les voir 3 ou 4 fois). Près de dix ans après leur séparation à priori définitive, je peine encore à faire le deuil et espère secrètement une reformation le temps d’un album ou même juste une petite tournée. Cela n’a que peu de chances d’aboutir et aurait toutes les chances de s’avérer décevant, mais je n’y peux rien l’envie refait surface à chaque écoute. En attendant, je me rue sur chaque nouveau projet par l’un de ses membres.
Des cendres du collectif, Leeroy Kesiah est à la fois celui qui s’est montré le plus actif et dans le même temps celui qui semble avoir eu le plus de mal à trouver sa voie. Pendant que Féfé s’est rapidement taillé une place de choix parmi les festivaliers français et a prouvé à ses compères qu’il pouvait y avoir une vie après le Saïan et plus généralement après le rap, que Sly Johnson montre de belles promesses soul sur ses deux albums, que Samuel a retrouvé ses premières amours et que Vicelow, le seul à avoir véritablement persisté dans le hip hop pur, nous a gratifié deux albums sous-côtés, Leeroy a lui plus joué au touche à tout. Entre 2005 et 2010, six projets ont vu le jour. De ses trois Coups de Massue à ses trips bollywoodiens et africains en passant par l’album (mixtape ?) Open Bar, on a vu Leeroy jongler avec les styles, explorer toutes ses influences avec plus ou moins de succès mais gardant une constante singularité.
Passé cette époque, il s’est un peu soudainement fait plus rare. Quelques projets live, j’y reviendrai, mais peu de réelles sorties dans les bacs. C’est finalement en mai 2014 que les prémices de Noir Fluo arrivent enfin. Leeroy dévoile un EP Château Rouge au sein duquel on retrouve 3 titres présents sur l’objet de cette critique : le titre éponyme mais également Personne en duo avec Féfé et Emmène-Moi. Si le premier titre n’a que peu évolué et est même sans doute à l’origine de la tonalité de Noir Fluo, les deux autres sont aujourd’hui présent dans des versions retravaillées, un peu plus synthétiques. En soit, c’est mieux que de resservir du réchauffé, mais dans les faits je préfère les premiers arrangements sortis dans les deux cas (quoique en ce qui concerne le duo, j’aime tout particulièrement la version acoustique postée il y a quelques mois). Cela ne m’empêche de les considérer comme faisant partie des pistes les plus intéressantes et agréables à écouter.
Le constat est plus ennuyeux pour Quand Chrai Ptit. Si je n’avais pas pu aller au Sentier des Halles voir les prestations de Leeroy sur scène en 2012, j’ai quand même eu l’occasion d’en voir les quelques teasers postés et ce titre en faisait partie dans une version très différente puisqu’au-delà de la production, le refrain a totalement changé. Alors que pour les deux titres cités précédemment je pinaille un peu, on est ici passé d’un résultat plutôt cool à un autre malheureusement bien moins écoutable.
Pour le reste, si je n’ai pas pu écouter le reste de la tracklist avant aujourd’hui, il semblerait que la plupart de ses composantes existaient déjà il y a deux ans. Peut-être là aussi sous des formes un peu différentes, toujours est-il que l’on peut se demander pourquoi il y a eu tant de temps passé avant la véritable sortie. D’autant que certaines interviews relues avant d’écrire ce post laissent penser que la sortie était vraiment imminente. Insatisfaction de l’artiste ou frein de Jive/Epic chez qui Leeroy est signé depuis 2012 ? On ne le saura sûrement pas. Mais il est peut-être malgré tout symptomatique d’un album qui semble parfois un peu vieillot à peine sorti.
Plus globalement, il faut aussi avouer que je n’accroche que moyennement à ce nouveau style. Quelques productions sonnent à mes oreilles un peu cheap (Cougars et Danse-Moi principalement). J’ai lu qu’Alsoprodby, très présent à l’époque de KLR, avait participé à l’élaboration de Noir Fluo. J’aurais aimé retrouver un peu plus sa patte de l’époque. Mais il s’agit là d’un choix artistique en tout cas cohérent tout du long et donc sûrement volontaire. Plus une question de goût qu’autre chose donc et chacun se fera son propre avis.
Parlons aussi du positif, parce qu’à l’image du titre de l’album, mon avis est en réalité assez contrasté. Capitaine Haddock est d’assez loin le morceau qui ressort de l’album, même s’il détonne un peu avec le reste (ceci expliquant peut-être cela en fait). Les univers de Leeroy et Tété se marient parfaitement, le texte est sympathique et la mélodie prenante. Une belle réussite. Personne et Emmène-moi déjà évoqués plus haut, sont également très plaisant, tout comme Pauvres Riches. Un mot aussi sur la chanson avec Camélia Jordana, étrangement un des pistes sonnant le plus « Saïan » dans l’esprit. De même pour Rasta Blanc, bien qu’il me fasse regretter que l’aspect « sound system », point ayant beaucoup joué sur le fait que Leeroy était le membre du groupe qui avait ma préférence, ne soit pas plus présent.
Il m’est au final difficile de dire si j’aime ou non Noir Fluo. D’un côté, il y a une moitié de titres qui vont du bon au passable, de l’autre certains ne sont pas loin de m’insupporter (Cougars ne passe vraiment pas…). Je ne saurais dire non plus si l’album a une chance de fonctionner. Je doute qu’il soit en mesure de pleinement satisfaire les fans de la première heure mais il peut permettre à Leeroy de toucher un nouveau public. Je lui souhaite en tout cas. Et même si je suis partagé cette fois, je continuerai à suivre de près son évolution.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Le SSC sur SC, 2016 en musique et Que serait SensCritique sans Musicbrainz ?
Créée
le 23 févr. 2016
Critique lue 398 fois
2 j'aime
1 commentaire
D'autres avis sur Noir Fluo
Un énième opus de Leeroy après ses mixtapes, voilà un album plein de contrastes, moins de rap et plus de chant, des rythmes frénétiques, des mélodies diverses et variées et des thèmes malgré leur...
Par
le 3 avr. 2016
Du même critique
Il y a trois ans, un film de S-F sorti de nulle part créait une belle surprise en salles : Another Earth de Mike Cahill. Beau, poétique, très mâture pour une si petite expérience derrière la caméra,...
le 21 déc. 2014
43 j'aime
2
Seize ans après son "2001" qui aura marqué toute ma génération et après m'être résigné depuis longtemps à l'idée de voir le fameux Detox paraître un jour, Dr. Dre nous prend finalement par surprise...
le 8 août 2015
30 j'aime
Plus de deux ans se sont écoulés depuis son annonce, et après trois changements de nom et des derniers jours chaotiques durant lesquels la tracklist se voyait sans cesse chamboulée, le tout agrémenté...
le 15 févr. 2016
25 j'aime