Dans un éclair de géni Kawa nous avertit « quand tu traverseras l’enfer il n’y aura que des miroirs » (Si ce monde…).
C’est noyé dans la tristesse il parvient à distiller l’essentiel, « que les nuages devant l’amour ne cachent pas l’essence du ciel » (Si ce monde...). Dans ses textes se mêlent ainsi des espoirs "vieux comme le monde" et l’horreur d’une réalité d’« un monde sans âme » (Demi monde). Pourtant « Sous les orages, malgré les risques, j'ai pas dit : "Dieu, délivre-nous" », et il continu sa « marche vers la fin du monde sans hâte » pour reprendre les termes de sa chanson « Sous la pluie ». Ainsi l’enjeu de son combat est clair : « si je suis une sous culture des milliers de fous n’auraient pas d’âme » (Soirée noire).
L’artiste fait non-seulement le constat d’un monde en perdition (voir Le bétail, Journaliste, Les hommes et les armes, Dieu d’amour, Intro Astro), mais il se rend à la source même du problème, là où personne n’ose plus aller : en soi. Il y trouve l’origine de son mal-être : « je cherche plus les monstres sous mon lit depuis que j’sais qu’ils sont en moi » (Le Monstre). Il en a bien conscience, « quand tu traverseras l’enfer il n’y aura que des miroirs », et il a pris de l’avance. Car c’est bien là que réside la source de tous nos malheurs : en nous, face au miroir. Il y plonge son regard et ne peut pas s’en détourner, comme fasciné par l’horreur de la vérité qu’il y voit. Car détourner le regard serait se détourner de la vérité, se détourner de l’origine du problème. Comme il l’intime : « La seule façon de gagner la guerre, ce serait de se dire que c'en n'est pas une » (Passions tristes). Pourtant le voilà, qui « marche vers la fin du monde sans hâte », et résume « j’attends la vague » (La vague).
L’espoir même semble se dérober, et dans une supplique vertigineuse digne de Charles Baudelaire il demande enfin « Et si ce monde n’était pas prêt ? » (Si ce monde…). Pourtant, au fin-fond de l’abîme, un filon d’espoir persiste, le retenant encore de « sombrer vers la folie » (Le temps des assassins). Alors analysons son œuvre pour tenter de comprendre comment il est devenu ce Loup des Steppes errant sur ce « territoire noir glacé » (Soirée noire).
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