Norfaragell-Thul
7.9
Norfaragell-Thul

Album de Splendorius (2014)

⛧♛⛧♫⛧ Visions d'un passé encore à venir....

La scène Dungeon Synth russe est particulièrement florissante, en témoignent les nombreux artistes provenant de ce pays : Saltvind, Utred, Orundoom, Elador...
Faut dire, une contrée aussi vaste, couverte par autant de plaines immenses et de forêts s'étendant sur des lieues et des lieues, et riche d'un folklore fichtrement riche, ne pouvait qu'exciter l'imaginaire de ces fans de Fantasy faisant de la musique au synthé.


Et l'un de leurs plus notables représentants réside sans doute en la personne de Splendorius, qui nous pond ici un skeud de fort bon aloi.
Mais avant de commencer le décorticage du bousin, il convient de s'intéresser à son nom, Norfaragell-Thul, qui fait très probablement référence à Thulé, nom donné à une île par l'explorateur grec Pythéas, qu'il présente comme la toute dernière de l'archipel britannique. Elle a tour à tour désigné le Groenland, l'Islande, et plusieurs îles qui en réalité n'existaient pas.
Dans l'imaginaire, elle a donc une certaine connotation de bout du monde indépassable, situé tout au nord de l'océan, avec cela en tête, l'album n'en devient que plus intriguant.


Et tu fais bien d'être intrigué, toi qui lira ces parchemins jaunis par le temps, puisqu'on est ici dans un Dungeon Synth/Néoclassique très mélodique et plus complexe que la moyenne.
Le premier morceau, Moon is Invisible Under the Fog (d'ailleurs l'un de mes morceaux favoris du DS), donne la couleur de ses six successeurs, qui semblent raconter une épopée épique : d'abord entrent en scène une voire deux nappes de synthé graves, à la manière de Mortiis, et au tempo lent, portées en arrière-plan par des espèces d'instruments à vent aux sonorités également graves (je ne suis pas expert en instruments venteux, mais mon petit doigt me dit que ce sont des cors).
Puis retentit une voix sépulcrale aussi fascinante inintelligible, semblant sortir de la bouche d'un sorcier reclus au sommet de sa tour et lisant d'antiques chroniques à voix haute, avec son corbeau pour seule compagnie, ou un roi vieillissant, racontant à ses vassaux l'aventure épique que fut sa jeunesse.


Alors la voix s'efface, et la mélodie, la tonalité et le volume sonore changent brusquement, nous laissant contempler la majesté du ceau-mor, qui se s'apaise et laisse la voix faire son retour, pour passer au reste de l'album.
L'ambiance est posée, on pouvait difficilement trouver mieux pour commencer un album, dont le reste est à peu près du même niveau : Splendorius, inspiré par la musique baroque, utilise entre autres le clavecin, apportant à son oeuvre une vraie personnalité et pas mal de fraîcheur dans un genre aussi codifié que le Dungeon Synth.
Le moscovite sait de plus varier dans les nuances de sa palette, et donner à chacun de ses morceaux une personnalité qui n'appartient qu'à lui, en variant par exemple les ambiances : le majestueux dans Moon is Invisible Under the Fog ou Time Wanderer (où l'on peut d'ailleurs entendre le tic-tac d'un pendule, c'est tout simple comme idée, mais d'une rare efficacité pour lui donner un petit quelque chose qui lui est propre), le sinistre dans Walking Through the Dungeon of Ghorgul, ou même l'épique dans Enchanted Shield...


Grave aussi dans ton esprit les savoureuses compositions, qui font la part belle aux variations de mélodies, de tempo et d'intensité au sein d'un même morceau, et mélangent habilement les instruments mis à la disposition du bonhomme pour créer un tout supérieur à la somme de ses parties, et d'une solide cohérence.


La voix sépulcrale refait surface dans Chandelier, faisant la conclusion de ce conte et refermant le grimoire, nous laissant à notre méditation solitaire au coeur de cette nuit sombre et pleine de merveilles.
Le seul vrai petit bémol serait peut-être Visions of Norfaragell-Thul, qui est à mon humble avis trop long et répétitif pour être du niveau de ses congénères.
Mais je fais mon petit pinailleur, car ce skeud, c'est un bonbon pour les oreilles.
Un bonbon pour les oreilles d'ailleurs disponible sur la chaîne Youtube The Dungeon Synth Archives, mais je vous recommande surtout sa version remasterisée, sortie en 2015 et disponible sur Bandcamp, où le mixage et la qualité sonore sont bien meilleurs, et les voix, plus intelligibles.


8 pour la version originelle, 9 pour la version remasterisée.

Créée

le 7 févr. 2020

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