L'autre jour, après une jolie journée de merde, je cherchais un disque à me mettre sous l'oreille. Quelque chose de frais, un vrai disque caché derrière les fougères, un truc dans lequel on a envie de plonger sans pour autant tomber dans la facilité. Je n'ai pas été cherchée bien loin, dans les achats du mois, il y avait ce premier album de Priests Nothing Feels Natural, étiqueté post-punk. Diable, encore des esthètes qui vont nous la jouer Joy Division, voix sépulcrale en paquet bonus.
N'attendant rien donc de cet album et de ce groupe, je mis la galette dans le lecteur de CD et va la musique. Et je dois dire que je fus agréablement surprise.
Déjà, le nom du label aurait dû me mettre la puce à l'oreille, Sister Polygon Records, situé à Washington D.C, géré collectivement par ses groupes et artistes, tous adeptes du DIY. Oublions les mauvais ersatz du post-punk, pauvres imitateurs qui n'ont retenu qu'une infime partie de la richesse musicale de ce mouvement, Priests a le mérite et le goût de nous plonger au coeur du mouvement, tout en n'oubliant pas de puiser sa force dans le punk.
Ainsi, le tout premier morceau a des faux airs de Slits avec cette voix dure, tout en lorgnant du côté de Pink Flag de Wire. Plus loin, le Marquee Moon de Television s'invite au détour quand ce n'est pas le piano qui se fait le temps d'un souffle catchy. Appropriate, ce premier morceau, est agressif, rentre-dedans, il ne cherche pas le compromis...
Et il en est ainsi tout le long de l'album. Il est de plus politiquement engagé, jouant avec humour de certaines situations ("I don’t make friends easily or naturally/you can blame chemicals or you can blame patriarchy")... n'hésitant pas à clairement se revendiquer de l'influence de Sleater-Kinney (JJ en est la parfaite illustration).
Réjouissons-nous du retour de groupes qui vont avoir des choses à dire politiquement, il est probable que l'ère Trump favorise un renouveau des groupes punks et que des Priests fleurissent ici et là, un peu partout aux Etats-Unis.