Octal: Book Three par xeres

Elliott Sharp – Octal: Book Three (2015)

Elliott Sharpp est un musicien que nous avons croisé avec Eugene Chadbourne il y a quelques temps, il fait partie de ces guitaristes curieux qui n’ont de cesse de vouloir donner un son et un langage nouveau à leur instrument, un peu comme Hans Reichel dont nous avions parlé également…

Celui-ci est, en plus, un -très beau- cadeau que j'ai reçu. Merci, donc. Il est noté sur la pochette « Book Three », car c’est le troisième épisode d’une saga, c’est grâce au magnifique, et tout petit, label portugais « Clean Field » que nous avons droit à toutes ces merveilles.

Voici le concept de départ, il s’agit d’une guitare nouvelle imaginée et créée par le luthier Saul Koll. La guitare est électrique « pleine caisse » dotée de deux cordes supplémentaires dans les graves, ainsi que de micros judicieusement placés à l’intérieur de l’instrument, de façon a créé une expérience d’écoute nouvelle et encore inconnue. Tout cela est expliqué à l’intérieur du Cd avec les détails techniques et tout, et tout...

Voilà, entre les mains d’un gars comme Elliott Sharp c’est tout simplement du pain béni, et ce troisième volume est là pour en porter témoignage. L’expérience est bien entendu complètement en solo, je ne crois pas l’avoir précisé, tout ici célèbre le nouvel instrument, ses multiples possibilités, cette plongée dans les graves et, surtout, tous ces nouveaux sons créés par le guitariste prodige que rien n’arrête.

Cette immersion dans le cœur de l’instrument est très spectaculaire et pleine de surprises et d’inattendus, avec des moments extraordinaires, comme la fin d’« Across The Line », la sixième pièce. L’album en contient onze qui s’enchaînent avec évidence, sans que vraiment on ne s’en rende compte, comme s’il s’agissait d’un seul et long fil qui se déroulait.

C’est forcément complètement inédit, comme je l’indiquais plus haut, Hans Reichel avait inauguré, dans une autre veine, une voie un peu cousine dans le principe mais très différente dans le résultat. J’avoue être un peu frustré de ne pas voir de photographie de la guitare en question, mais après tout, peut-être n’a-t-elle rien de remarquable à l’œil… Côté son, par contre c’est très innovant, par la texture, l’importance des sons graves, l’écho qui respecte très bien la définition du son. Mais il faut également saluer l’instrumentiste hors pair, qui s’est attaché à son outil pour le faire fructifier et lui donner une réelle personnalité, cherchant à le faire « sonner » de mille façons différentes.

Je suppose que les experts guitaristes seront encore plus épatés que moi, car ils possèdent un tas de connaissances qui me manquent, mais ça ne m’empêche pas d’apprécier quand même, car « même le sot, saute quand c’est so beautiful », dit le dicton !