Il fait beau, il fait chaud. Un climat propice à savourer la pop psychédélique et sucrée des californiens de Vinyl Williams. Un groupe qui tient sur les épaules de Lionel Williams, mutli-instrumentiste et petit de fils de John Williams, le vrai. Si vous aimez la musique cotonneuse de Beach House ou le rock suroxygéné de Morgan Delt, vous n’allez pas être dépaysé. Opal, le quatrième album de Vinyl Williams, s’inscrit dans la droite lignée de cette pop expérimentale et ensoleillée. Un trip illustré par le sublime artwork de James McCarthy et appuyé par le travail du label Requiem Pour Un Twister (Triptides, Venera 4, Marble Arch…). Préparez vos psychotropes et entrez dans le monde merveilleux de Vinyl Williams.
Califronia trippin’
Cri du cœur aux productions lo-fi, Opal est un disque inter-dimensionnel. Le passé se heurte au futur tout en se conjuguant au présent. Un voyage qui est permis grâce à une production très travaillée, harmonisant plusieurs techniques d’enregistrements afin de donner une texture unique à l’album. Une mixture qui fait directement penser au Phase Zero de Morgan Delt paru en 2016. Cela n’enlève pourtant rien à l’originalité de ce quatrième album de Vinyl Williams qui exécute cette méthode de production depuis ses premiers disques. No problemo.
La production c’est une chose. Ça façonne et détermine l’ambiance d’un album. Ça ne fait pourtant pas tout. Opal possède un style et une atmosphère très tranchés et bourrés d’influences diverses. Pourtant ces nombreuses couches d’effets et d’instruments ne sont pas posées là pour camoufler un faible sens mélodique ou une paresse artistique. Cet album contient des morceaux marquants. On pense tout de suite à l’apesanteur de « Noumena » et à la batterie frénétique de « Aphelion ». Deux morceaux efficaces dès la première écoute. « Millennial Ballroom » se fait également remarquer avec son refrain imparable qui vient clôturer l’album.
Bien plus qu’une Caïpirinha sur le bord de plage.
Voilà pour les détails techniques. La production est bonne et les compositions le sont tout autant. Mais après ? Les contours de Opal évoquent le psychédélisme, la drogue et l’été. Un savant mélange qui use les poncifs du genre. En quoi Vinyl Williams se démarque-t-il du reste de ce genre de production ? Bien évidemment, la musique psychédélique est par essence ouverte à interprétation et chacun vivra l’aventure à sa manière. La mienne est assez éloignée de cette montée de LSD.
Opal m’évoque un été qui n’a pas eu lieu, qui n’a pas lieu et qui n’aura jamais lieu. Une chaleur fantasmée, bridée par cette abondance d’écho et de reverb tout deux glacials. Les rythmes sont mouvementés, les guitares bondissent dans tous les sens pour nous persuader qu’il est temps de remettre un coup de crème solaire, mais la voix de Lionel Williams nous indique le contraire. Un été inatteignable ou oublié qui n’évoque que nostalgie et mélancolie. Les fins de morceaux vont également dans ce sens. Écoutez les dernières secondes de « Nether Congrenes », « Milliennial Ballroom » et « Aphelion » et vous ne vous remarquerez que les grains de sable qui se logent entre vos orteils ne sont que des songes. Ce n’est que mon interprétation, je m’enflamme peut être un peu trop…
Vinyl Williams réalise avec Opal un album bien plus complexe qu’il n’y parait. Une écoute suffira pour apprécier les efforts pop et catchy du groupe. Mais le disque devient de plus en plus fascinant au fil des écoutes. On se perd dans nos pensées et nos interprétations. Un album riche, intriguant, déstabilisant et addictif. Difficile de ne pas passer l’été à rêver du monde imaginé par Vinyl Williams.
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