Origin of Symmetry
7.3
Origin of Symmetry

Album de Muse (2001)

Après un premier opus brillant, bien qu'inconstant, le jeune trio composé de Matthew Bellamy, Chris Wolstenholme et Dominic Howard devait imposer définitivement le son de Muse avec leur second album. "Origin of Symmetry" c'est exactement ça: l'album de la confirmation.
Plus encore que dans Showbiz, ce qui marque immédiatement avec cet album c'est la basse de Wolstenholme qui s'éloigne volontiers de la rythmique pure pour se rapprocher d'un instrument mélodique complémentaire à la guitare, inspirée comme jamais, de Bellamy.
L'instrument est d'ailleurs particulièrement mis en avant par le mixage, les arrangements sont simples et le groupe joue à fond sur son aspect "Power Trio" pour accoucher de chansons à la puissance aussi impressionnante à la première écoute qu'entêtante sur le long terme.

"Plug In Baby" et son riff incroyable, "Bliss" et sa nappe de synthé cosmique. Dans les deux cas un refrain d'une efficacité redoutable finit de transformer les chansons en tubes incontournables. Entre ces deux monstres immédiatement cultes "Hyper Music" et sa ligne de basse incroyable ne démérite pas et envoie sévèrement du bois elle aussi. On regrettera juste que l'évident hommage à Tom Morello ne soit pas un peu mieux digérer.
Des chansons rock bourrés d'énergie, taillés pour soulever les foules lors des concerts. L'album a d'ailleurs été enregistré dans les conditions du live pour permettre aux titres de conserver toute leur vivacité. Un choix payant.

Pourtant l'album ne se résume pas uniquement à cela. Les compositions au piano prennent de l'importance. Avec "Space Dementia", chanson anxiogène et ample, le groupe mêle Rachmaninov et des influences psychédéliques. Un jeu d'équilibriste parfaitement maîtrisé qui témoigne plus que jamais de l'aspect "Science Fiction" de l'album, aussi bien dans les textes, les sonorités et les ambiances dégagées.
"Feeling good" est une vraie surprise. Avec sa basse très lourde, presque assommante, qui contraste à merveille avec la voix de Bellamy. Muse rend un hommage vibrant et réussi à la fameuse version de Nina Simone.
L'album se clôt avec la grandiloquente "Megalomania". La voix déprimée et la rythmique lancinante sont accompagnées par un orgue majestueux pour donner à la chanson un air de requiem. Là encore l'atmosphère dégagée par la chanson interpelle immédiatement et donne un air de fin du monde à ce final, très cohérent avec la progression de l'album.

Les guitares d'un côté, le piano de l'autre. Deux mamelles du son Muse qui se retrouvent combinés pour les deux pièces maîtresses d'"Origin of Symmetry".
L'album s'ouvre avec "New Born": piano mélodique et aérien, basse enivrante, voix aigüe mais murmurante... soudain gros riff rapide et saturé suivi par déferlement d'énergie dans une rythmique effrénée et irrésistible. La machine est lancée : de couplets fiévreux en refrain explosif, en passant par un solo exaltant, rien ne peut l'arrêter.
Une entrée en matière, un son, une atmosphère, une claque. Dès la première chanson du disque Muse s'impose avec force et avec grâce... toute la musique de Muse se retrouve condensée dans cet hymne rock.

Au milieu de l'album trône "Citizen Erased", une chanson qui sert de pierre angulaire à l'édifice musicale qu'est "Origin of Symmetry", une chanson qui permet de faire le lien entre la première partie, très nerveuse et puisante, et la seconde, plus étrange.
A l'inverse de "New Born" la chanson démarre très violemment avec un riff très lourd, très oppressant. C'est le début d'un mini opéra-rock puissant et cathartique évoquant l'oeuvre de George Orwell aussi bien dans le texte que dans les fluctuations de la musique. D'un ultime élan de rage surgit le piano, docile, apaisé, résigné pour conclure ce morceau épique avec délicatesse. On pense alors à la fameuse chambre 101 de 1984 et aux gens qui en resortent, on pense au sort de Sam Lowry lors du final magistral du "Brazil" de Terry Gilliam.

Le morceau enchaîne naturellement "Micro Cuts". Rythmique forte, guitare acérée, solo final déchaîné d'une minute, Bellamy qui monte dans les aigus comme jamais tel une diva. Une chanson très agressive, assez déroutante mais là encore d'une maîtrise totale.
Au milieu de tous ces rouleaux compresseurs musicaux les deux autres morceaux de l'album, "Screenager" et "Darkshines", on un peu de mal à exister. "Screenager" est le seul vrai moment de répis de l'album, judicieusement placé après la folie de "Micro Cuts". Une chanson discrète, sans doute un peu trop, aux sonorités bien plus organiques que tout le reste du disque mais qui manque un tout petit peu de caractère.
"Darkshines" en revanche est la petite perle sous-estimée de l'album. Une chanson aux tonalités un peu plus blues et un peu plus chaleureuse mais qui conserve toute les forces des grandes compositions faites par Muse avec son refrain entêtant et des envolées instrumentales puissantes. Un morceau beau et fort malheureusement très peu joué en live par le groupe.

"Origin of Symmetry" est une véritable démonstration du savoir-faire de Muse. C'est un album qui possède une véritable identité, une vraie cohérence, un album où pratiquement chaque morceau est incontournable. Le groupe affine son univers musical, quelque part entre Queen (pour l'utilisation du piano, pour la voix protéiforme, pour la propension à la grandiloquence) et Rage Against The Machine (pour les riffs violents, pour la basse très présente). En plus de l'impressionnante usine à tubes qu'il représente (New Born, Bliss, Plug In Baby, Hyper Music) l'album s'aventure sur des terrains plus glissants (Space Dementia, Citizen Erased, Micro Cuts, Megalomania) mais avec une maîtrise fascinante. Muse signe là un grand disque, tout simplement.
Vnr-Herzog
9
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le 29 déc. 2011

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