A1 Other Afternoons 12:50
A2 Premonitions 7:30
B1 However 11:00
B2 My You 6:30
Alto Saxophone – Jimmy Lyons
Bass – Alan Silva
Drums – Andrew Cyrille
Trumpet – Lester Bowie
Il porte le numéro 9 de la série "BYG- Actuel" mais a été enregistré le 15 août, lors de la deuxième grande vague d’enregistrement de cet été là. Ceux du Panafrican festival d’Alger sont arrivés, comme Alan Silva le bassiste de cette session. Jimmy Lyons et Andrew Cyrille sont venus accompagner Cecil Taylor pour ce qui restera un concert historique joué à la Fondation Maeght, le 29 juillet, où se trouvaient également Ayler et Sun Ra. Lester Bowie lui est présent depuis le début avec l’Art Ensemble de Chicago. Mis à part Lester Bowie qui fait figure de « nouveau », les trois autres se connaissent bien, ayant accompagné Cecil Taylor ensemble pendant près de trois ans. Il n’en reste pas moins que cet enregistrement est important car c’est la première fois que Jimmy Lyons est leader d’une formation et signe un album de son nom.
Jouer aux côtés de Cecil Taylor est une référence extraordinaire pour un musicien. Le pianiste est l’ une des figures musicales les plus importantes de son siècle. Il a révolutionné la façon de jouer de son instrument et créé un monde sonore inouï. Longtemps il a cherché le complément idéal pour jouer sa musique et l’a enfin trouvé dans la personne de Jimmy Lyons, qui restera à ses côtés jusqu’à son décès en 1986. Paradoxalement, alors que Taylor est un chantre de la modernité, c’est l’ancrage profond de Lyons dans le be-bop qui lui vaudra les faveurs du maître. Non pas qu’il joue bop bien sûr, mais il a une grande connaissance des racines de cette musique et équilibre le discours souvent épique du pianiste, qui joue puissamment de tout son corps pour bâtir des murs du son jamais encore entendus.
Côté cohésion tout fonctionne merveilleusement, dès « Other Afternoons » nous sommes pris dans un tourbillon qui fait penser immédiatement à Ornette Coleman, Cecil s’en va par la porte et Ornette entre par la fenêtre ! La section rythmique est d’une complémentarité sans faille, Andrew Cyrille dessine des espaces et envoie des impulsions de façon continuelle. La basse bien ronde d’Alan Silva propose des directions et attise le feu, les souffleurs sont continuellement boostés et l’incendie prend. Lester Bowie ne s’en laisse pas conter et intervient avec autorité, élevant le niveau d’exigence. Le leader, ainsi sollicité, envoie tout, avec brio et maîtrise, puisant dans la richesse de son background musical, transposant toute la puissance du souffle d’un Charlie Parker dans un contexte free, s’appuyant continuellement sur son sens inné du rythme pour développer un discours mélodique abouti.
Ce premier album de Jimmy Lyons fait preuve d’une grande maîtrise et convainc de bout en bout.