Michel Portal – Our Meanings And Our Feelings (1969)
Cet album du grand Michel Portal est évidemment très particulier, jamais réédité il atteignait des sommes folles en occasion et, de ce fait, l’écoute en était rare, il restait quelques traces sur youtube qui permettaient à l’amateur de se faire une idée et, l’eau à la bouche, de s’armer de patience avant qu’enfin une réédition ne se fasse.
J’ai donc pu acquérir mon exemplaire et j’en suis heureux, c’est évidemment et clairement un album de free jazz, ce qui pouvait effrayer les labels et leur faire craindre un échec commercial, ce genre étant devenu souvent synonyme de musique cacophonique, pour simplifier gentiment. Je ne connais pas le nombre d’exemplaires pressés, mais certainement moins que pour le dernier Orelsan.
Ce sera donc du vinyle, on comprend également qui est le cœur de cible. C’est plutôt bien fait, en respectant l’esprit de l’original, ce qui est le meilleur choix. Le seul truc qui me fâche un peu, c’est la sous-pochette bas de gamme qui ne protège pas de l’électricité statique. Lors du premier déballage soyez très prudent pour extraire le vinyle de son fourreau, il ne faut pas trop forcer, prenez votre temps afin d’éviter le frottement, vous pourriez l’abîmer de façon définitive.
L’album est historique, probablement l'un des premiers du genre en France, après le fameux « Free Jazz » de François Tusques paru sur les « Disques Mouloudji » en mille neuf cent soixante-cinq avec… Michel Portal à la basse clarinette. Ce dernier a bénéficié par contre déjà de plusieurs rééditions,devenu depuis un album culte.
Ici c’est également du pur free-jazz avec improvisation totale, sans entente préalable, est-il noté au verso par Michel Delorme de « Jazz Hot », commentaire d'époque. Chacun arrive avec son bagage, cependant la composition des pièces est attribué à Michel Portal et/ou Joachim Kühn, ce qui peut nuancer l’affirmation antérieure, bien que l’impression générale reste à la musique totalement libre.
Je passe un peu de temps à la distribution des instruments car ça en dit assez long sur ce qui se joue ici. Michel Portal joue du sax ténor, des clarinettes, du taragot d’origine hongroise, du zoukra, un instrument algérien, et du steel drum, un instrument de percussion métallique. Joachim Kühn joue du piano, du sax alto, du shenai, de la corne d’antilope, du steel drum, des cloches et du tambourin.
Jean-François Jenny Clarke est à la basse, Aldo Romano et Jacques Thollot sont à la batterie, en outre ce dernier joue également du tambourin. L’apport des instruments exotiques est déterminant sur « Walking Through The Land » et « Dear Old Morocco » qui sont à l’image de l’album, de pures merveilles d’impros free, mais je ne m’étale pas sur le sujet, les amateurs sont déjà convaincus.
La dernière pièce, le morceau titre, est absolument phénoménal, dans la lignée de tout ce qui précède, en fait. Pour le reste, je vous renvoie à la description pièce par pièce de Michel Delorme au verso, qui est vraiment parfaite et très complète, mieux que je ne saurais faire.