PUP
7.7
PUP

Album de PUP (2013)

J’aime pas les clips. Comment ça je l’ai déjà dit ? Ah oui non mais là c’est différent. En plus la dernière fois j’avais prévenu qu’il y avait une ou deux exceptions à ma règle. Ladies and gentlemen, je vous présente les boss du game : PUP. Pas « péhupé », pas « poop » : PUP. 4 vrillés du cigare originaires de Toronto, la ville de Drake et des Raptors, dont le premier album dont il est question ici a tellement rythmé mon quotidien depuis sa sortie qu’il trône depuis fièrement au milieu de mon top 10. Inconnus au bataillon ? Suivez le guide…


Les boss du clip-game que je vous disais ; pour faire connaissance, rien de tel que celui de Guilt Trip, où l’on assiste à la rencontre un brin romancée des 4 amis d’enfance devenus bandmates. Avec sa rythmique singulière, l’opening track sert de bande originale chaotique à la vie d’un groupe qui fuit vers sa passion : après avoir fugué pour aller cracher les premiers riffs de Topanga, ceux qui s’appellent désormais PUP ont quitté leurs tafs respectifs pour sillonner les routes nord-américaines à bord de leur van. Avec plus de 250 dates en 2 ans, les Canadiens ont maintenant bien grandi et on les retrouve sur scène dans le clip sanglant et survolté de leur single phare : Reservoir. Dans ce live où tout tourne mal, PUP ne s’arrête sous aucun prétexte et continue d’asséner le riff assassin de ce deuxième titre résolument plus direct. Reservoir est un hymne punk, de ceux à te faire décoller une fosse alors que Stefan Babcock scande des lyrics résumant bien l’état d’esprit d’un groupe qui ne se prend pas au sérieux :



« Forget longevity, we’re just tryna get by
It isn’t apathy, I just don’t care if I die »
- Reservoir



Si la recette PUP marche aussi bien, c’est sans aucun doute grâce à son guitariste soliste Steve Sladkowski, absolument inarrêtable et redoublant sans cesse de créativité derrière sa Telecaster. Sans ses mélodies fantasques, le disque serait certainement bien plus fade, et c’est ce qui se passe sur la plus quelconque Back Against The Wall, dont le clip homemade offre néanmoins un avant-goût alléchant des concerts déjantés du groupe. Les hyperactifs de Toronto sont nés pour la route, et la remarquable vidéo graphique de Dark Days le confirme : dans ce qui pourrait constituer la suite elliptique de Guilt Trip, on remonte dans le van pour braver avec eux le froid canadien, sûrement pas assez violent pour décourager ces boulimiques d’aventures. Dark Days est une invitation au voyage pleine d’une simplicité qui colle à la peau de ce groupe si attachant. C’est ainsi que dans le dernier clip de l’album, Stefan nous parle avec candeur de sa voiture fétiche Mabu, la Toyota Camry familiale en fin de vie qu’il inscrit dans un demolition derby pour un ultime baroud d’honneur. On prend toute la dimension d’une chanson à première vue juste sympathique, mais qui s’impose comme une évidence au sein de l’album au moment où le chanteur encourage une dernière fois son tas de ferraille : « Come on baby, I love you ! ».


Alors d’accord, PUP sait y faire avec les clips. Mais que reste-t-il au-delà de ces vidéos ? Eh bien, ni plus ni moins que le meilleur, le gratin. La dispensable Lionheart mise à part, les 4 titres restants parachèvent un premier album époustouflant de créativité. D’abord, Never Try amène une dose de feel good pleine de souvenirs d’enfance dans les banlieues canadiennes ; la vraie réussite pop-punk du disque, aux paroles juvéniles et attendrissantes :



« And I dreamt of you in Montreal
In places I’ve never been at all »
- Never Try



La campagne de son pays est visiblement une thématique chère à Babcock, qui nous emmène ensuite dans la vallée du fleuve Yukon, qui donne son nom à l’incroyable 5e titre. Structure à tiroirs, changements d’intensité, solo démentiel de Steve Sladkowski : tout y est. La sous-estimée Cul-de-Sac est l’occasion de reprendre ses forces après ce trek épuisant, et d’emplir ses poumons d’air frais pour le recracher aussitôt sur son outro déchirante, tandis que la guitare lead continue ses envolées aériennes. On est alors prêt pour l’assaut final.


Factories mérite un paragraphe dédié tant c’est le chef d’œuvre de ce premier album. La dernière piste du CD est un vrai best-of, et la preuve si c’était encore nécessaire que PUP sait faire autre chose que du punk bête et méchant. Le jeu de batterie décomplexé de Zack Mykula drive une composition pleine d’énergie, celle du désespoir de Stefan Babcock hurlant à la première personne les derniers mots d’une âme en peine en route vers l’échafaud. La chanson raconte son histoire avec une structure sans refrain aussi chaotique que ses dernières pensées, jusqu’au point d’orgue de l’album. Alors que tout semble fini, les instruments se lancent dans un build-up cacophonique qui débouche sur une outro démentielle, conclusion parfaite d’un premier disque torturé mais sincère, complexe mais évident, décousu mais cohérent.


On ressort exténué de cette demi-heure dans la vie de PUP, avec pour seule envie celle d’en reprendre une tranche. La scène actuelle manque trop de groupes comme celui-ci, débordant d’énergie, de sueur et de naïve modestie. Ces groupes du genre à demander au micro si quelqu’un du public peut les héberger le soir même, pour leur éviter une nuit de plus sur un parking de Walmart. Du genre à inviter les fans sur scène à tour de rôle pour remplacer le chanteur qui a perdu sa voix. The show must go on.


(PUP revient le 27 mai prochain avec The Dream Is Over, dont les deux premiers singles sont déjà disponibles, accompagnés de clips à la hauteur de leur réputation : DVP & If This Tour Doesn’t Kill You, I Will)

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le 11 avr. 2016

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Jambond

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