Pharoah Sanders Quintet - Pharaoh (1965)
Et voilà que l’envie me prend de commencer un peu la route avec Pharoah, du coup autant choisir son premier album en leader, « Pharaoh », paru en mille neuf cent-soixante-cinq sur le mythique label ESP consacré en bonne partie au free-jazz et aux musiques alternatives, c’est toujours un plaisir de poser la galette sur la platine et de toucher ces pochettes anciennes, souvent pleine d’histoires, parfois dissemblables sur une même édition, car fabriquées de bric et de broc, une spécificité ESP.
En gros le contexte est le suivant, à New York Pharoah commence à être connu, il joue avec Billy Higgins, Don Cherry, Rashied Ali, John Gilmore et Sun Ra, on trouve des témoignages sonores de ses performances avec le "Grand Mage". Cet enregistrement est effectué en septembre 1964, avant des rencontres qui vont bouleverser son destin, celle d’Ornette Coleman avec lequel il enregistrera la sublime « Chappaqua Suite », et celle de John Coltrane avec lequel il sera invité sur « Ascension », on connaît tous la suite de cette extraordinaire aventure.
Pour l’heure le voici leader d’un quintet où il joue du ténor, Stan Foster est le trompettiste, Jane Getz est au piano, William Bennett à la basse et Marvin Patillo aux percussions. Deux longues pièces sont jouées, une par face, la première se nomme « seven by seven » et la seconde « bethera ».
Peut-être que certains s’attendent à un album fou furieux plein de rage et de cris, free et libertaire, et bien ce n’est pas le cas. Il serait faux de dire que Pharoah reste constamment sage et classique, particulièrement sur la face une où il se montre plus rageur dans son approche, lâchant un peu de mordant dans ses solos, ce sont d’ailleurs les meilleurs passages de l’album. Il faut faire attention car les labels sont inversés en version originale, par conséquent les noms des morceaux également.
Il est évidemment intéressant d’écouter cet album si on veut aborder l’évolution de ce grand musicien, incontestablement il y a déjà à cette période, en germe, ce qui deviendra la spécificité du son de Pharoah, ce sur quoi il va travailler et creuser, pour développer ce son majestueux et solennel, entier et incandescent. Déjà, au milieu de ce contexte hard bop, il secrète la petite flamme qui grandira.
On remarque également sur la piste une, décidément intéressante, des passages où l’orchestre n’est pas si loin de suivre l’exemple coltranien, particulièrement dans le jeu de la pianiste Jane Getz et du bassiste William Bennett.
L’album est bon, il saura satisfaire les amateurs de Pharoah qui possèdent déjà l’ensemble de ses albums sur Impulse, ceux-ci semblent tout de même prioritaires...