Ce double album issus de la tournée triomphale du retour de Renaud sur scène provoque des sensations très contradictoires tant son écoute oscille entre pur plaisir et vraie déception ... J'ai tout autant écouté que vu ce concert puisque cette petite critique est issus du visionnage du Blu-ray Phénix Tour (live).
Je suis un grand fan de Renaud mais l'amour du bonhomme et de ses chansons ne m'a pas rendu pour autant aveugle et sourd au point de célébrer béatement son grand retour de 2016 . Globalement déçu par l'album studio j'attendais beaucoup de ce live pour savoir si Renaud avait retrouvé un peu de voix et d'énergie et comment le Renaud d'aujourd'hui pouvait se frotter au répertoire du Renaud d'hier. Aux chapitres des nombreuses réserves et déceptions je commencerai par la voix et l'interprétation du Renard , pas tellement pour son aspect grave et caverneux mais plus pour cet aspect "gueule pâteuse" qui fait que parfois on a la sensation que Renaud mange les mots et qu'il a encore du mal à articuler distinctement . Renaud ne chante pas très bien (mais a t-il déjà vraiment bien chanter ?) et certaines montées de note sont assez douloureuse à l'oreille notamment sur Morgane de toi ... Plus décevantes encore sont les interventions et échanges de Renaud avec son public entre les chansons ; outre le fait qu'il nous ressort les mêmes interventions depuis 30 ans on sent que tout est tristement mécanique, préparé et un peu vide. Renaud n'a tout simplement pas la spontanéité, la malice et l'énergie pour jouer avec son public comme il pouvait si bien le faire avant (Il suffit de ré-écouter Un Olympia pour moi tout seul ). On pourra aussi émettre quelques réserves quand au choix des chansons puisque personnellement j'échangerai volontiers un titre comme l'insipide Ta Batterie contre une version complète d'Hexagone ici réduite à un petit extrait dans un pot pourri.
Fort heureusement tout n'est pas à jeter et ce Phénix tour réserve aussi de beaux moments chargés d'émotions tant la relation d'amour entre Renaud et son public transparaît au détour de quelques chansons .... En dépit de toutes les réserves je dois avouer avoir eu de délicieux frissons de plaisir à retrouver Germaine, Manu, Gerard Lambert ou me retrouver embarquer pour un dernier bal à Sarcelles. A l'image d'un public parfois les yeux humides je me suis parfois retrouvé cueilli à sec par l'émotion d'un Mistral gagnant crépusculaire ou par quelques titre du dernier album prenant une dimension nouvelle sur scène comme Les mots et surtout La vie est moche et c'est trop court.
Inutile de se voiler la face , outre sa dimension résurrectionnelle très émouvante ce Phénix tour est l'un des plus mauvais live de Renaud ... Mais globalement on se dit qu'un Renaud à peine vivant ça vaut quand même bien plus que des tonnes d'artistes en pleine forme.