Grems n’est pas fatigué. Nous en sommes à peine à la moitié de l’année que le rappeur/graffeur vient de sortir son deuxième projet de l’année. Ce dernier est de qualité, c’est ça qui est fort. Hier, aux alentours de l’heure du goûter, ce Papa de 37 ans a sorti un EP du nom de PRAF (comprenez Plus Rien A Foutre). A bientôt quarante ans, l’homme que l’on appelle aussi Miki revient, et ça fait du bien.
Après son dernier EP, Green Pisse, c’est avec PRAF (sorti sur le label Château Bruyant), que le Grems est de retour. Le label français au catalogue bien garni qui l’accompagne nous offre même cet opus dans la plus grande gratuité. Le tout orchestré par The Imposture à la production, comme beaucoup de projets de Grems d’ailleurs. Car, au contraire de ses collègues, forcés, dans ce rap-jeux Grems est un artiste multi-tâches reconnu dans tous les mondes qu’il touche. Aussi grand graffeur, lorsque Grems tourne à travers la France c’est avec un micro ou une bombe de peinture. C’est aussi son argument phare contre cette « concurrence » dont il n’en a Plus Rien A Foutre : si eux sont butés dans le rap, lui s’éclate autre part.
Daron non déclaré du rap-jeux
Le Grems est un sacré personnage, dur dans ses propos et ses sons, avec ses idées mais qu’il défend bien, contre vents et marrés et qui que vous soyez. Le bienheureux mène son bout de chemin et, sans sortir de sa case de rap-hardcore, il arrive à se renouveler et à être toujours plus trash. Preuve en est dans son « Yes It Is », morceau d’ouverture de PRAF. Désormais, que ce soit entendu et compris de tout le monde, si on veut comprendre l’idée et la trame artistique d’un projet, on ne saute JAMAIS au grand jamais le morceau d’ouverture. C’est l’essence même d’un projet et Grems l’a, lui aussi, bien compris. Ainsi, pour ce premier morceau on le rejoint dans son rap pas content (pas forcément celui qui dénonce non plus, juste du rap pas content). Ses « meilleurs » vœux sont adressés à la concurrence et le emcee/graffeur ne se prive pas de dresser son petit portrait de la jeune et nouvelle vague.
On en veut pour preuve « ces jeunes on les aimes pas », dans « BoysBang », la cinquième track du projet. Si « Le Game c’est Benny Hill » (« Yes It Is ») c’est surement que, pour le rappeur qui s’est toujours déclaré en marge de ses compères, beaucoup de ventes de projets de rap (qui n’en est souvent plus) peut dégoûter un artiste indépendant. Mais ce n’est évidemment qu’une supposition et si on rencontre Grems un jour promis on lui demandera d’où vient sa rage. C’est avec un titre comme « Yes It Is » que sa position de père non déclaré du rap-jeux est flagrante, son âge lui permet de juger mais il fuit ce milieu de jeunots. Comme un père qui aurait fuit face à la naissance de son fils, Grems délaisse le rap mais prend de ses nouvelles, de temps en temps….
Cumulard dans son art
Les personnages que les rappeurs délivrent n’impressionnent plus notre daron/emcee/graffeur du jour. Si eux vivent de la dope, lui « vit de son art » (« Mouille »). Quand ton rappeur préféré prétend avoir 6 millions, Grems possède 100 millions dans son cerveau. « Je ne suis plus dans le ghetto, oeuvre d’art-musée-expo, 6 millions c’est ta fortune? J’ai 100 millions dans le cerveau » (« Coucou »). Il s’exporte dans un autre art, partageant les mêmes drogues que ces gens qu’ils méprisent un peu (parlons franchement) mais la comparaison s’arrête là pour lui. Il faut reconnaître que le boug possède un sacré coup de bombe, ce qui lui permet même de tourner souvent à travers la France, plus grâce à ses toiles qu’à ses talents musicaux. Son site en est la preuve, voyez plutôt.
Tout le long de PRAF, Grems revendiquera sa condition de multi-artistes. Père de famille, il possède dans le rap – mais aussi dans la vie – un vécu et une expérience qu’il ne se cache pas de revendiquer à qui veut l’entendre. Et souvent, même tout le temps, de la manière la plus virulente qu’il soit. Mais Grems est comme ça, si certains se fabriquent une image trop lisse à son goût, la sienne est poreuse, véritable. D’un père qui blâme il passe soudain à un artiste à part entière, avec son univers et ses solides points de vue. PRAF, un doux baiser de Grems à ceux dont on a plus rien à foutre.
PRAF ou Grems dans son fief du rap, un pied dedans sans le vouloir mais tant pis. S'il y est autant joué avec et le juger en bon papa. De toutes façons il a autre chose à faire de sa vie bien complète d'artiste ou de père de famille. Souvent dur à cerner, il est tout un personnage. Pour cet EP il s'est armé encore une fois de ses compères de The Imposture qui apportent une sacré pierre à l'édifice. PRAF est réussi, bravo à Grems.
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