Amalgam - Prayer for Peace - (2002)
Retour vers la sélection de Free Jazz Manifesto pour «Prayer For Peace » un excellent album composé par Trevor Watts au sax alto, Jeff Clyne à la basse et John Stevens à la batterie, sur le dernier titre « Prayer For Peace », Barry Guy remplace Jeff Clyne. L’album original est sorti en 1969, un album de la grande époque pendant laquelle le « Spontaneous Music Ensemble », où jouaient également Trévor Watts et John Stevens, représentait le jazz innovant des îles Britanniques.
Mon exemplaire, dont la photo est représentée ci-dessus, ne possède pas la luxuriance psychédélique de la pochette originale, mais le prix est abordable et il ne reste que quelques exemplaires vinyles chez l’éditeur, NoBusiness Records, dont je vous parle assez souvent, il le mérite bien.
Sur cet album la magie opère d’entrée avec ce titre extraordinaire « Tales Of Sadness », une emprise au bout de trois notes qui vous emmène au bout du titre, il y a quelque chose de coltranien ici, je n’use pas facilement du compliment, mais ici ça me semble justifié. Pourtant ce n’est pas dans le timbre, d’ailleurs le sax est différent et nous sommes en trio, peut-être dans le phrasé et probablement dans ce sentiment de « quête » propre à la démarche du géant.
Je n’insiste pas plus, mais nous sommes face à un grand album, peut-être un de ces essentiels dont parle l’un des sages de notre forum. Le titre qui suit est une suite en trois parties, dont la première est sise face une « Judy’s Smile I », un titre plein encore, avec la basse de Jeff Clyne, ronde, ample, centrale qui occupe l’espace d’une façon si évidente qu’il n’est nul besoin de complément à ce trio.
John Stevens commente avec autorité, joue des caisses et des cymbales avec une finesse incroyable, il sait être léger et son « toucher » ressemble à du grand art. Le second volet de la suite ouvre la face B, on y retrouve un très grand calme qui prend forme et force au fur et à mesure de l’avancée de la pièce, jusqu’à retrouver ces accents de « spiritual music » qui habitent la première pièce de l’album, même si la note est plutôt contemplative, elle s’enflamme dans la troisième partie.
La dernière pièce avec Barry Guy à la basse possède quelque chose d’Aylerien, le feu et la beauté sans doute, mais sans le déchirement, remplacé ici par un sentiment de contemplation, quelque chose de presque religieux qui se cache dans la basse de Barry, de quoi finir en beauté ce « Prayer For Peace » qui mérite ainsi son nom.