“Killing Joke, Joy Division and Wire reinterpreted through the Nadja spectrum”
Cet album, c'était celui que j'attendais le plus en ce début d'an de grâce MMXIV avec Terrestrials de Sunn O))) & Ulver et The Unnatural World de Have a Nice Life. Nadja a connu une petite période difficile autour de 2009, culminant avec l'assez pathétique Under The Jaguar Sun et enquillant des collaborations plus ou moins ratées (Dominium Visurgis avec Troum, Konstruktion avec Galena et The Life and Death of a Wasp avec OvO). 2010 vit venir Autopergamene qui est un peu du "more of the same" tout en étant assez solide, mais c'est vraiment à partir de 2012 que Nadja fit un comeback assez puissant avec des disques comme l'extraordinaire The Primitive World (collaboration avec Vampillia) et le superbe Dagdrøm qui apportait un côté plus mélodique aux compositions très abrasives et abstraites du duo Canadien tout en retenant ce côté chaotique. Queller, d'après les dires qu'Aidan Baker, est basé sur le Post-Punk et la New-Wave et est évidemment complètement transformé. Le groupe s'était déjà livré à cet exercice avec des reprises comme Faith et One Hundred Years de The Cure, par exemple, et ces reprises, qui n'avaient très souvent plus rien à voir avec les originaux, étaient superbes.
Queller est composé de quatre pistes d'environ dix minutes chacune ; Dark Circles, Mouths, Lidérc et Quell. Nadja avait mis en ligne sur son bandcamp la piste Dark Circles au début 2014 et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle tabassait vraiment et montrait un Nadja très en forme. L'intro de guitare acoustique plus ou moins menaçante est du meilleur effet et le riff qui suit est une tuerie absolue. Le morceau en lui-même est extrêmement simple mais est tout de même grandiose. La seconde piste, Mouths, reprend un peu le même schéma (répétition jusqu'à l'explosion finale), mais a un côté un peu plus ambiant et plus paisible au début. Le truc, c'est que le riff écrasant de Mouths arrive à être encore plus massif que celui de Dark Circles. Il est assez court et répété plusieurs fois après des interludes ambiantes, mais tout ça c'est pour faire la monter la pression jusqu'au final absolument magistral, composé de drones lacérant le cerveau. Lidérc est peut-être la plus faible des quatre, mais elle n'en reste pas moins très bonne. Le rythme de Lidérc est beaucoup plus lent et la piste est nettement plus sombre que les autres, avec quelques riffs menaçants et les chuchotements rauques d'Aidan Baker en fond. La piste prend une tournure plus ambiante avec des passages accompagnés de guitare acoustique et de drones assez discrets. Le riff principal de Lidérc ressemble un peu à celui de Mouths, mais en beaucoup plus lent. Quell commence quant à elle par un riff ravageur qui capte tout de suite l'auditeur après le calme plat qu'était Lidérc et qui me rappelle fortement ce que pouvait faire Jesu auparavant. Comme pour les autres, la structure est la même sauf que la piste est plus rapidement noyée dans un océan de feedback et de drones absolument colossal jusqu'à se finir de façon assez abrupte, ce qui est assez problématique (ce défaut était aussi présent sur le mastodonte d'une heure qu'est Thaumogenesis). J'aurais aimé que ce passage dure encore plus longtemps et qu'il se fonde de façon plus harmonieuse.
La direction artistique de l'album est assez impeccable, avec un thème plutôt sympa qui me rappelle assez fortement celui de When I See The Sun Always Shines on TV, où les membres de Nadja étaient dessinés par Klawfist (de mémoire). Cette DA me rappelle aussi un peu celle des albums de Earth post Pentastar, comme par exemple Hex ou Hibernaculum. Queller a beau n'être pas aussi massif qu'un Radiance of Shadows ou qu'un The Primitive World plus récemment, il n'en reste pas moins un excellent album qui montre une fois de plus que Nadja en a encore dans le pantalon. Un truc qui m'a toujours fait plutôt rigoler c'est qu'en écoutant leur musique on a l'impression que ce sont de gros fous, et en réalité le duo est composé d'un poète/musicien très posé et d'une relieuse de livres super mignonne. Queller est excellent, tout simplement.