La compilation "Box" sortie il y a deux ans, qui regroupait les 4 albums qui ont fait le succès de Gas dans le domaine de l'ambient (Zauberberg, Oktember, Königsforst et Pop), a définitivement tiré un trait entre la période clarteuse et agréable de l'allemand, et cette période de renouveau, très sombre et inquiétante qui a débuté l'année dernière avec "Narkopop", plus ou moins l'anti "Pop" parut 17 ans plus tôt.
Qu'est ce que veut nous faire comprendre Wolfgang Voigt ici ? C'est ce préfixe, "narko", qui est a l'origine de tout. On savait déjà que Gas s'aventurait dans la forêt noire allemande tout en prenant du LSD, et s'inspirait de ses expériences hallucinogènes pour créer ses musiques, autrement dit, ce qu'on entend provient complètement de l'état d'esprit de Wolfgang Voigt. Et il est intéressant de comparer l'état d'âme du bonhomme avant "Pop", et celui post "Pop" (depression, si je m'autorisait à faire un jeu de mot), deux ambiances musicales aux antipodes, 17 ans les séparent quand même, sur une période assez longue comme celle-ci, on change forcément.
Ce "Rausch" s'allie parfaitement avec le "Narkopop" de l'année passée, un fond ambient très froid, sans réelle mélodie, mais plutôt avec des plaintes de synthés, voire même une guitare sur Rausch 5, qui tentent de nous parler, elles peuvent même paraître désagréables. Et toujours par dessus, toujours, ce qui fait le charme de la musique de Gas, ce beat lent, qui accompagne parfaitement le son électronique et froid des synthés.
L'intoxication se retrouve jusque dans la pochette de l'album, sur laquelle on a l'impression qu'il y a eu un copié collé d'une image de litière de bois sur tout le côté gauche et en bas de la couverture, et qui cache complètement une photo originelle dont on distingue quelques arbres sur le milieu, la partie supérieure et droite de la pochette. Elle a d'ailleurs un air de ressemblance avec celle de Narkopop (on remarque un arbre avec un tronc assez gros sur la droite, et deux plus petits sur sa gauche). L'intoxication au narcotique ou au LSD aurait complètement déformé sa réalité, au point de se voir musicalement et graphiquement. On reste dans le thème de la forêt, donc ces images qui grignotent la photo de base, peuvent faire référence aux champignons toxiques, qui reprennent le dessus sur les arbres morts.
Bref je m'égare, je suis toxicomane à la musique de Gas, j'ai peut-être raconté n'importe quoi au-dessus, mais sa musique me parle.
J'ai copié quelques lignes qu'il a écrit pour décrire son album :
"Rausch with no name / my beautiful shine / You are the sun / This is where I want to be"
"Eighteen of Oktember / The night falls / The king comes / The hunt starts"
"Drums and Trumpets / Future without mankind / Warm snow / Alles ist gut"
"World heritage Rausch / Finally infinite"