La formule magique du trio néo-zélandais répondant au doux nom de Die! Die! Die! repose sur l'alliance entre un rock sauvage et agressif qui fait saigner les guitares et des mélodies promptes à évoquer la plus grande fragilité, une émotion toujours à fleur de peau traduisant - pardonnez-moi l'expression pompeuse - un certain malaise existentiel.
A l'instar de Cloud Nothings, c'est le genre de groupe qui me renvoie à mes premières amours musicales - on y retrouve cette inspiration punk, ce tempérament à la fois insouciant et fougueux, cette musique nerveuse qui s'emporte, une envie palpable de la part du groupe de se donner à fond.
S.W.I.M., cinquième album du groupe, est bien plus que cela encore, mais il faut attendre "Crystal" pour s'en rendre compte. Si jusqu'alors leur musique ressemblait à un noise rock à tendance pop, un peu brouillon et pas spécialement accrocheur, DDD démontre avec ce morceau une qualité d'écriture mélodique proprement sublime ; des couplets qui prennent leur temps et offrent des moments de rêverie douce sauce My Bloody Valentine, un refrain à la rage contenue, une batterie typée post-punk enflammée et presque incontrôlable, une guitare lancinante en fond qui donne le ton... Et là c'est parti.
Après ça, les titres s'enchaînent dans le même esprit, concis et carrés, portés par cette sorte de colère étrangement contemplative ("Get Hit"), au croisement du punk et du shoegaze. Les mecs de DDD sont pressés, ça se sent - note intéressante, ou pas, les titres des morceaux se composent en général d'un seul mot. Toute leur musique repose sur l'urgence et leur spontanéité évoque rapidement une ardeur typiquement adolescente, quelque chose d'incroyablement pur et brut, et paradoxalement mené par une guitare languissante.
C'est comme s'ils se donnaient entièrement dans leur musique sans avoir complètement l'assurance qui va avec ; leurs doutes et leurs faiblesses sont aussi là, perceptibles ("Trigger", "Mirror"). C'est un équilibre entre candeur et rage qui fait la force du groupe et sa richesse musicale presque inépuisable malgré le format adopté (morceaux de 3 min avec couplets/refrain).
Le pire, c'est que l'album est plutôt court et répétitif, et tous les morceaux se ressemblent. Pour la plupart d'entre eux, le refrain se résume à gueuler le titre ("Get It !" "Don't try !" "Jealousy !") sur une guitare au son écorché qui déboule à toute vitesse. Mais l'homogénéité de l'album fait finalement sa force, unifiant l'ensemble de ses morceaux autour d'une même idée, d'un même mouvement : le groupe va constamment de l'avant, sans "morceau central posé pour reprendre haleine".
Le fait que DDD ne semble jamais regarder en arrière mais foncer toujours plus vite et loin rend toute cette énergie bouillonnante encore plus contagieuse. Si vous accrochez à un morceau, il y a des chances que tous vous plaisent. En somme, le genre de pièce musicale exaltante, guidée par l'impulsion, qu'on aimerait découvrir plus souvent.