Surnatural Orchestra – L'Homme Sans Tête (2009)
Vraiment emballé par ma précédente écoute je vous présente le second album du Surnatural Orchestra, c’est un double Cd qui tient dans un magnifique coffret contenant deux brochures, l’une est composée d’illustrations, dessins et photos mélangés, et d’un petit texte également, elle a pour titre : ce qui n’est pas visible n’est pas invisible (Camille sauvage). L’autre est une nouvelle de Nicolas Flesh dont le titre est « soif ». Il y a également un sommaire qui tient sur une solide page cartonnée. Les Cds contiennent deux fois quarante-deux minutes de musique environ.
Cet album est le second de la formation, il est sorti en deux mille neuf, six années après le premier volume, et neuf années avant « Esquif » qui se tient au-dessus, de quoi mesurer le chemin parcouru et, bien sûr, d’établir une sorte de bilan comparatif, tout en constatant que « Sans tête » ne manque ni de corps, ni de bras, puisqu’ici ils sont vingt-quatre, dont Antonin Leymarie à la batterie et aux percussions, non présent sur « Esquif » qui signe le très beau « Groumlat ».
Cet album étant double remarquons qu’une place est faite au tout venant et aux compos de chacun et, plus complexe, de l’ensemble de la formation. Quelques lignes sont présentes à ce propos, je vous en livre un extrait : « Les morceaux composés par le S.O. ont été créés grâce au Soundpainting, langage de signes universel de composition collective multidisciplinaire en temps réel, inventé par Walter Thompson. » ce n’est pas anodin car sept pièces sont signées par le collectif.
On retrouve dès le premier titre, « Berlusconi Sur Un Ecran » ou plus loin sur « Du rafting Dans Les ruelles » l’influence de Carla Bley et même du Liberation Music Orchestra et du Jazz Composer's Orchestra, pour les couleurs et les arrangements, il est difficile d’y échapper tant est grande l’importance de ces pionniers, en fin des années soixante et au début des années soixante-dix. Ce n’est que rendre une sorte d’hommage et affirmer une certaine culture que de saluer les « anciens », et même, dans ce cadre, citer franchement un air de Brassens au passage.
Les grilles sont moins serrées et plus lâches que sur « Esquif », il n’y a pas cette nécessité de faire mouche, directement et sans faille, mais plutôt de laisser la place à l’individu, à la créativité de quelques-uns et de libérer des espaces d’improvisations nombreux, sans doute à la demande. Ainsi la musique se libère et évolue à certains moments, en suivant l’inspiration de l'instant, s’inscrivant nettement dans un style free et libertaire.
D’ailleurs les prises proviennent en partie de concert à la Dynamo de Banlieues Bleues, ce qui privilégie la proximité et la spontanéité, deux vecteurs importants, on sent assez souvent une urgence dans la musique en même temps qu’une véritable puissance, comparable à celle d’un rouleau-compresseur.
Ainsi se conjuguent passages écrits et d’autres improvisés, un équilibre qui fait le jazz bien souvent, on remarque également la présence de nombreux musiciens communs aux deux albums, je n’ai pas fait le compte car ce serait fastidieux, mais c’est la marque d’un projet qui emporte l’adhésion de ses membres, plus ou moins connus, mais dans le respect et la reconnaissance de chacun.
On remarque également la présence de Boris Boublil non seulement aux claviers mais sur trois compos également, dont « My name Is Magne » très théâtrale, qui pourrait figurer sur un album de Fred Pallem sans problème. D’ailleurs on sent des connections et des fils qui pourraient relier ces deux formations.
Pour conclure, de la bonne musique en masse !