Quand le rap se lève

Serviço público est le second album de Valete, qui est un rappeur portugais bien connu dans son pays pour son rap conscient et politique. Cet album parle de sa vision du monde (pas très positive, sans vous spoiler), de son anti-capitalisme (c'est un communiste, sans vous spoiler), du monde de la musique (là non plus il est pas très satisfait, sans vous spoiler), des femmes (c'est un gentleman le Valete, là je vous spoile je l'avoue), et de ses potes (là on en vient aux chansons inintéressantes, navré). Le tout dans un esprit underground, parce que le Portugal, c'est pas les États-Unis.

En parcourant la tracklist de l'album, on comprends tout de suite que Valete est pro-communisme. En effet, il y a trois skits de 15 secondes chacun qui sont des extraits de discours de Hugo Chavez, Fidel Castro, et Che Guevara. Comme beaucoup, je ne suis pas très fan de l'ultra-libéralisme, mais je ne suis pas non plus très fan de l'ultra-socialisme. Ces figures révolutionnaires sont très fortes et incarne bien son album, mais je trouve ça risqué car aujourd'hui elles sont, tout de même, plutôt critiquables. Sa vision de la politique et du monde est plus clairement exprimée dans Serviço público, Revelação, Subúrbios, Monogamia et Anti-Héroi. Je dois m'arrêter ici sur les deux dernières chansons. Anti-Héroi est la chanson la plus connue et reconnue de Valete, mais ce n'est pas ma préféré. Je préfère Monogamia, qui fait référence au mensonge dans sa première moitié, et à la vérité dans sa seconde moitié. Après Masturbação mental, la chanson précédente qui est en effet une masturbation mentale bien inutile, elle m'a fait de l'effet.

Non seulement vous ne trouverez pas de chansons sur les Benz et le shit dans cet album, mais en plus il n'y a aucun insulte envers les femmes. C'est que Valete est un homme poète. Dans Não te adaptes, il s'adresse aux femmes qui font face aux inégalités sociales, salariales, sexuelles, d'estime et de respect. On note ce respect dans Roleta russa, où il raconte au présent une coucherie d'un soir, où la femme ne veut pas de préservatif mais lui si. En fait, c'est une chanson contre le Sida, et oui. Ma préférée d'ailleurs, avant même de comprendre les paroles.

Sinon il y a aussi une chanson où il s'élève contre la "mauvaise musique" qui passe 50 fois sur MTV, Pela Música II. Elle est bien je suppose, mais comme juste avant il a fait une sorte d'interlude, Pela Música I où il se plaint comme un pré-ado sur le même sujet, sans rapper, sans flow, sans vocabulaire, ça m'a dégouté.
Dans la lignée des chansons à passer, il y a aussi celle sur son ancien groupe de rap Canal 115 et celle sur ses potes dans Os meus. J'imagine qu'à force d'être trop sérieux dans ses chansons engagées du reste de l'album, il a voulu se montrer plus léger, plus accessible. Je comprends le principe alors je vais rien dire.

Bref, cet album a des parties très intéressantes quand même. Pour tout le rap étasunien et français de bas niveaux qu'on se coltine à la radio et à la télévision, faites un geste vers ce rappeur respecté dans son pays, qui dit des choses tristes avec des phrases de toute beauté. Cela commencera à créer un équilibre.