DI-MEH, c’est le MC qui doit exploser. Celui qui représente le rap francophone tout en arborant le drapeau suisse. Comme ça, en peu de mots, vous le savez. On s’est pris une gifle sévère mais juste alors on en parle.
D-I-tiret-M-E-H, Genève. 20 ans. Profession : kickeur/beatmaker. Membre du 13 Sarkastick, un crew de rappeurs francophone. Son crime ? Aucun, bien au contraire. Le suisse a sorti un EP intitulé Shine de 9 titres le 10 mai (ça ne s’invente pas et c’était même prévu), aux ambiances complètement différentes. Le boug y dévoile ses talents de kickeur, s’enfonçant encore plus dans son délire qu’il a pu créer le long de ses précédents projets.
Shine s’inscrit donc dans la liste du jeune MC de 20 ans où figure déjà, dans l’ordre #ResteCalme, DimehHendrix et Entre le rap et la vraie vie. Maîtrisant habillement sa communication, DI-MEH avait déjà dévoilé deux extraits de ce projet de 9 titres avec les clips de « Shottagawn » et « Rotschild ». Visuels habillement réalisés, champion des réseaux, le mec vit avec son temps. Ainsi, quand il balance son quatrième EP gratuitement sur Soundcloud et Haute Culture, le public est au rendez-vous. Le MC est un phénomène déjà par sa personne mais aussi en tant qu’artiste. On a donc écouté Shine. A vous aussi de vous y mettre : croyez-nous, vous ne le regretterez pas.
Deux ambiances, deux DI-MEH
« Shine » est le morceau d’ouverture du projet éponyme. En une track, DI-MEH dévoile deux ambiances sur une prod de NoKliché. D’une première partie presque angoissante, l’ambiance est à la prévention, le boug se livre, il ne verse pas dans l’égo-trip mais dresse un auto-portrait. « J’fume des cônes et ça s’ressent, sur mon attitude, sur mes phases qui tuent ». Conscient de ses atouts mais aussi de ses défauts, on retrouve le Suisse après son dernier projet où il nous avait déjà laissé sans dessus dessous. Il prépare quelque chose pour ce projet, c’est sûr. Mais quoi ? Nous verrons bien !
Pô l’temps d’niaiser, la deuxième partie du beat est lancée, DI-MEH veut qu’on le laisse « shiner » un peuheuheu (c’est chanté tel quel), car « plus [il] avance et c’est la merde, mais prudemment [il] gère [ses] affaires ». Laissons donc briller DI-MEH. S’il gère son « z’ness » tout en procrastinant, tout va bien.
Avec ce morceau d’ouverture, « Shine » est la carte de visite non seulement du projet mais aussi de l’artiste qu’est DI-MEH. Bipolaire, il sait être menaçante pour la fameuse concurrence (outil principal du rap-game) mais le mec vit à la cool et comme beaucoup de jeunes cherche à vivre la vie du moyen le plus chill possible. Une véritable métaphore de la guerre et de la paix ce DI-MEH.
Le bienheureux sait ce qu’il veut, et ce qu’il veut c’est briller. Dans « Il Est Temps de Briller », le côté chill s’exprime. Sans pour autant changer de thèmes et de manières de kicker, la douceur s’exprime musicalement. D’un titre à un autre (prenons « Crack City », la track suivante), le flow devient soit incisif soit des plus chill. A DI-MEH de voir, selon son mood. Mais si le flow change, les thèmes sont récurrents et définissent l’essence même du projet.
Ego-trip et amitié, tel est son dada
Le Suisse confirme l’image qu’il peut renvoyer. D’abord, un jeune sûr de lui qui préfère passer du bon temps avec ses potes, sans vraiment penser au lendemain. Sur chacun des morceaux, DI-MEH dépeint sa vie, ses vices (un peu de drogues), son amour sans limites pour le Captain Morgan, les fringues (le délire est encore plus concret dans ses clips, si bien que son dernier clip « Smooth » est sponsorisé à mort), les meufs, ses potes avec qui il traîne tout le temps. Le jeune Mehdi prend ensuite la forme d’un rappeur sachant ce qu’il vaut et faisant son trou, coûte que coûte.
Sans vraiment apporter un atout aux lyrics connus de l’ego-trip, DI-MEH sait saupoudrer son texte de gimmicks, rythmant le texte. Un bon point pour le Suisse qui nous ramène dans son monde encore davantage en utilisant des éléments de son propre monde pour nous y faire pénétrer. Il rappe comme il parle, comme il parle. Et c’est tant mieux.
Fait notable, aucun morceau n’est signé DI-MEH à la prod. Pour ce projet, il semblerait que le rappeur se soit concentré sur les textes afin de donner libre court à l’expression de son délire. C’est respectable. Ainsi pour ce projet des prods arrivent de France (« Banger » par Baxter, de Paris), des states (« Shottagwan » par TEL.KUN de Baltimore) ou du Canada (« Shine » par NoKliché, cité plus haut, qui nous vient de Montréal). Beau voyage. Si le flow y joue beaucoup, la prod fait le reste du travail. DI-MEH, par son parcours de beatmaker a très probablement acquis tout les codes de production, allant jusqu’à fusionner avec le support musical des autres. Shine en est la preuve.
Quatrième projet en date de DI-MEH est un bon projet. Le jeune suisse confirme encore plus cet esprit du rap qu'il compte apporter, menant son chemin seul, ou accompagné de ses amis qui veulent se joindre à lui. C'est fort. Assumant à son rap et ses lyrics, Shine est un mélange de sonorités internationales qui fait du bien rap francophone. On ne peut que valider.
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