Départ imminent vers la géante gazeuse

Le doom à chanteuse est un peu à l’image du Taijitu (symbole du Yin et du Yang), une combinaison en apparence contradictoire et paradoxale entre les 2 principes primordiaux masculin-féminin, lumière-obscurité und so weiter. Catégoriser le quartet norvégien comme énième groupe de doom à chanteuse serait aller un peu vite en besogne. C’est bien plus que cela, d’autant plus que leur musique n’est pas si doom que ça. Nous la qualifierons plutôt de heavy psychédélique faute de mieux. Les tempi sont lents. La basse est ronde, caoutchouteuse, élastique et profonde, un peu comme celle d’Al Cisneros. Le côté incantatoire du chant rappelle aussi par moment la musique d’Om. Les morceaux sont longs et font la part belle aux envolées lyriques du clavier et de la guitare. C’est une musique qui parle autant au corps qu’à la tête et on se surprend à se mettre à se balancer d’avant en arrière à son écoute. C’est beau, c’est lent, c’est moelleux, c’est chaud, c’est cosmique.. Ça vous enveloppe et vous emporte vers les anneaux de la géante gazeuse. Mais s’ériger comme haut prêtre de Saturne était s’inscrire dans une fatalité inéluctable. Saturne dévore ses enfants et ainsi le groupe a splitté après cette galette. Nous ne pouvons que le déplorer vivement.