J'attendais avec une certaine anticipation la nouvelle itération d'un artiste que j'estime énormément, bien que cette fois-ci il ne s'agisse pas d'une œuvre 100% originale... ce qui en général prête autant à rêver qu'à craindre.


Faire une reprise, c'est s'exposer inévitablement à la comparaison, et ici la comparaison n'est pas des moindres ! La troisième symphonie de Henryk Gorecki est une pièce spécialement grandiose - que j'ai d'ailleurs très récemment écouté, justement dans le but de me faire l'oreille et de savoir à quoi je m'attendais - et qui contient, en plus d'un thème musical entêtant, une œuvre à la fois douce et sévère, qui blesse et donne du cœur à l'ouvrage... enfin je vous laisse aller l'écouter si vous ne la connaissez pas.


Plein de ce savoir musical nouveau et ô combien bienvenu, j'attendais patiemment qu'arrive cette "réimagination" concoctée par ce bon vieux Colin Stetson, qui restera à jamais une de mes valeurs sûres en matière de musique hors des sentiers battus. Et quel fut le résultat ? Ben... probablement une de ses compositions les plus difficiles d'accès, sans mentir.


On connaît Colin Stetson pour son jeu de saxophone et clarinette proprement inimitable et de le voir dans le monde du symphonique est assez inattendu. Mais il faut admettre qu'il s'en sort pas mal. Comparé à l'original (on en arrive inévitablement là) on a le sentiment qu'il a voulu coller le plus possible au matériau d'origine tout en actualisant l'instrumentation et en modifiant le style musical (cette batterie effrénée sur le premier mouvement qui donne des airs volatils et terriblement lourds à la mélodie), un pari tout du moins casse-gueule, comme à chaque fois qu'on décide de reprendre un air plus ou moins connu, et qui semble en avoir désarçonné plus d'un.


Je dois dire que j'aime bien ce qui a été fait ici ! Je n'ai peut-être pas les notions nécessaires pour appréhender pleinement une œuvre musicale, mais je suis armé de ma subjectivité, et elle parle ici pour dire que même si c'est un peu une bouillabaisse musicale, j'y ressens la volonté d'un artiste de rendre hommage à quelque chose qu'il aime en y apportant sa touche, et en voulant lui donner des airs d'opéra post-rock (c'est comme ça que ça sonne à mes oreilles en tout cas).


En deux mots plutôt qu'en cent, je ne peux pas dire que ça soit la pièce maîtresse de Colin Stetson (surtout pas si on regarde du côté de sa trilogie New History Warfare). Ce n'est pas non plus une œuvre qui restera dans les annales de sa discographie. Mais c'est un dérapage contrôlé dans sa carrière qui vaut ce qu'il vaut. On peut ne pas aimer, trouver qu'il n'a rien à faire là... mais c'est tout de même un travail de haute qualité.


Chapeau, monsieur Stetson. Chapeau.

TheB0GH
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le 8 avr. 2016

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