Cadeau d’honneur dédié au désormais redoutable et classique label Rush Hour Recordings (Tom Trago, Xosar, FaltyDL…), cette compilation Sounds From the Far East, dont la création est due à l’aménité du Berlinois Hunee (boss du label en question), revient sur l’audace du talentueux Soichi Terada.
Hunee, dont les productions sont caractérisées par une propension house et disco, effectue un travail qui lui tenait à cœur : Terada l’a en effet ouvertement influencé. Ce dernier, qui avait nécessairement besoin de cette compilation dans l’affirmation de son éclectique carrière, a grandi entouré d’ordinateurs et d’orgues électroniques — domaines dans lesquels il a été diplômé —, ce qui pourrait expliquer son empreinte marquée, voire même fossilisée, dans l’histoire de la musique vidéoludique : Terada a participé à l’introduction de sons acides dans nos jeunes cerveaux, notamment lors de sa participation pour la bande-originale du reconnu Ape Escape à partir de 1999.
En 1989, inspiré par les modes de la deep-house américaine et de l’acid-house anglaise, il décide de créer, aux côtés de Shinichiro Yokota, son label Far East Recordings, qui connaîtra un succès relatif. C’est cette période de sa vie que Hunee décide de compiler, imbriquant avec zêle ses meilleures productions, en y incorporant deux des meilleurs sons de Yokota, afin de maximiser la liesse communiquée par la quasi-techno japonaise de Terada.
Le résultat représente en quelque sorte la quintessence de ce qu’on peut attendre d’une house de ce genre : dansante, alternative, organique, surprenante et euphorisante. On reconnaît sans ambages l’amour que ressent Terada pour les jeux vidéos : les percussions sont élastiques et rebondissantes, les basses sont croustillantes, les synthés et les voix sont célestes et les mélodies se caractérisent par des myriades de beats, entraînant l’auditeur dans une extase similaire à celle procurée par les couleurs et les mouvements d’un jeu d’arcade addictif, du genre Dance Dance Revolution.
Chaque titre se caractérise par une profondeur visionnaire, et l’on ressent une nostalgie inhérente à celle que l’on perçoit lorsqu’on lit les mots d’un génie disparu, et que l’on sait que son œuvre restera à jamais inachevée. Sounds from the Far East est la fastueuse arabesque de la béatitude, et jamais couverture d’album n’a su retranscrire aussi bien l’état d’esprit procuré par la musique qu’il contient.