Marc Ribot – Spiritual Unity (2005)
Vous ne rêvez pas, ce « Spiritual Unity » est bien à saisir, dans son entier, comme un hommage à Albert Ayler. Il est composé des pièces les plus emblématiques du joueur de free-jazz, « Spirits » et « Saints » provenant de l’album « Spirits » de 1964, « Bells » provenant de l’album du même nom de 1965, « Truth Is Marching In » issu d’« In Greenwich Village » de 67, et au répertoire de tous les concerts bien avant encore.
« Invocation » qui ouvre l’album est la compo-hommage de Marc Ribot envers l’ange défunt. On le sait, Albert Ayler est à comprendre « par les tripes », ou bien alors comme une musique venant d’en haut, là où Albert regarde. Il n’y a pas de second degré chez lui, et si on entend dans sa musique du bruit, de la violence ou simplement de la cacophonie, c’est qu’il y a encore un pas à faire pour y découvrir la paix, l’amour universel et la candeur enfantine.
A la basse se trouve l’héritier le plus direct d’Albert Ayler, Henry Grimes, membre du quartet d’Ayler dès 1964, et présent au « Greenwich Village » de 1967. Tout tourna mal pour lui jusqu’à ce qu’il vende sa basse et arrête sa carrière de musicien pendant trente-cinq ans, vivant de petits boulots, retrouvé miraculeusement, William Parker lui offre sa basse, ce qui permit à Henry de reprendre sa carrière de musicien, il est ici, à sa juste place.
D’autres fantastiques et extraordinaires musiciens sont présents, Roy Cambell qui joue de la trompette et de la trompette de poche, ainsi que Chad Taylor à la batterie, ce dernier a joué avec le Chicago Underground, Jeff Parker, Nicole Mitchell et joue désormais avec Brandon Lewis.
Ici il ne s’agit pas de rejouer la musique d’Albert à la façon d’un groupe de « reprises », mais bien d’aller chercher, dans le tréfonds, l’origine spirituelle de cette musique, Marc Ribot se mettant, en quelque sorte, dans le rôle du grand mystique. On peut dire qu’il a réussi, l’album est magnifique et empreint d’une belle ferveur.