Avril 2000. Sur Arte, je zappe en deuxième partie de soirée pour un concert inattendu. Au début, je n'en sais. Je regarde, juste regarder. Maintenant je sais ce que j'ai regardé. Sur le programme télé : 20 ans d’Einstürzende Neubauten au Columbiahalle de Berlin.
Pour la première fois, la musique me parle et je lui réponds. Blixa Bargeld entonne abruptement le titre Redukt. C’est un coup de foudre. Le génie est immédiat, transcendant.
A partir de ce moment, je n'ai jamais pu me débarrasser de ce groupe. J'étais transi. Et je ne sais pas à quel moment l'achat de disque a commencé, si quelqu'un m'a conseillé. Trou noir. Et puis, j'ai opté pour le disque noir. Plus généraliste puisqu'il reprend des chansons créées au cours du dernier décade (comme ils disent).
Quand je découvre que c'est un best of et qu'il s'agit du troisième, j'ai une drôle d'impression. Avant même d'écouter, je découvre qu'ils sont prolifiques.
A l'écoute, je suis inconditionnel et rare à la fois.
J'aime tout.
Aujourd'hui, je connais ce disque par coeur et je prie de bien vouloir excuser ce comportement, surtout auprès de ceux que cette musique importe moins ou ne concernent pas, mais la mélodie qui trouve peu à peu son harmonie aux percussions d'Unruh est des plus instruites.
Bargeld vibre une poésie, moins à la chaîne mais tout aussi usiné.
C'est le best of de l'embourgeoisement pour certains.
Pour moi, c'est la décennie du virage, du groupe qui naît, qui se développe et qui trouve. Non seulement je trouve cela beau mais l'insertion de choses naturelles, proches de l'urbex, a alimenté leur univers de manière exponentielle. Par conséquent, il était logique que le son devienne plus épuré, minimal tout en gardant à l'idée l'esprit d'un combat, de la lutte de l'artifice, de la volonté artificielle de l'Homme qui ne comprend pas fondamentalement la nature des choses.