Subsets of Sets par Claire Magenta
Jakob nous vient de Napier, ville dont le patronyme ravira sans aucun doute les admirateurs de Russ Meyer. Le trio formé en 1998 par le guitariste Jeff Boyle, le bassiste Maurice Beckett et le batteur Jason Johnston profita de ses jeunes années pour faire la tournée des pubs de la région et ainsi assoir sa réputation au niveau local, profitant de ce tremplin pour sortir un premier EP éponyme l'année suivante. Après un single intitulé Erfo début 2000, le trio enregistre son premier album Subsets of Sets fin de la même année avant sa sortie au mois d'août 2001.
On a souvent comparé, le raccourci étant des plus faciles s'agissant de post-rock, Jakob avec le groupe "star" en provenance d'Écosse, Mogwai. Pourtant à l'écoute de ce premier album, on est bien loin des atmosphères ronflantes de Young Team ou bien Come on Die Young. Premier point, du fait du nombre restreint des musiciens, leur musique pourra apparaitre certes moins riche, pas de clavier, de flute ou encore de cuivre en support (seul un violoncelle sur deux titres, Aura et Overseen), mais aussi plus spontanée et directe. Évidemment, en bon groupe de post-rock, et comme leurs pairs écossais avant eux, le trio se caractérise par un mur du son, une guitare épique à la fois mélodique où au détour d'un riff se cache une abrasion sonore salvatrice (tel le morceau d'ouverture Drive Here and Then), on notera toutefois l'absence de préciosité qu'on retrouve parfois (réminiscence d'une influence shoegaze chez les autres?), Jakob se rapprochant d'un Sonic Youth 90's par moment.
Qui dit trio, dit en général assise rythmique. De ce côté là, et même si le genre n'est pas à proprement parlé réputé pour ses rythmiques cataclysmiques en général, ce premier album de Jakob annonce judicieusement le futur apport de groupes affiliés au post-metal, en particulier Tool sur Ageena qu'on croirait tout droit sorti d'une version light de Lateralus (sorti la même année)... en attendant celui d'une autre formation américaine, Isis par la suite. Le trio étant avant tout instrumental (seul Ryan compte quelques vocaux éthérés), on pouvait craindre la tentation de vouloir étirer à l'envie les titres et être ainsi affecté par le syndrome Pelican. De ce point de vue ci, Subsets of Sets garde un format "chanson", la durée des titres oscillant vers les 4 minutes. Cela dit, et les rockeux réfractaires aux progressions harmoniques ne me contrediront pas, la plupart des morceaux de l'album étant construits pratiquement selon la même recette, on pourra sentir une certaine lassitude, les décharges soniques faisant le reste pour réveiller l'auditeur...
... reste un bon premier album pour un trio méconnu en nos latitudes.
Album en écoute sur leur site internet.