George Adams – Suite For Swingers (1976)
Un album enregistré à Rome le vingt-huit juillet soixante-seize, au cœur de l’été. George Adams est un saxophoniste ténor, et chanteur sur cet album, qui a été élevé au son du blues et du rhythm’n’blues, il a ensuite viré bop et a appris également la flûte et même la basse. Il est cependant connu plus particulièrement pour sa participation dans l’orchestre de Charlie Mingus en ce milieu des années soixante-dix, on peut l’entendre sur « Mingus Moves », « At Carnegie Hall », « Changes One » et « Changes Two ». Cet album-ci est le second sous son nom en tant que leader.
Le voici à la tête d’un quintet à fière allure, il joue en compagnie de l’excellent Don Pullen au piano, de David Friesen à la basse, de Dannie Richmond à la batterie et d’Afonso Vieira aux percussions. Ils sont donc trois Mingusiens sur cet album, Don, Dannie et George bien sûr, les voilà bien rodés, ils s’entendent à merveille.
La première pièce, « Suite For Swingers » occupe toute la première face, un peu plus de vingt-deux minutes de bonne musique, un post bop ouvert à la musique libre, de telle sorte que chacun se sente bien, entre une certaine tradition et une large ouverture d’esprit qui laisse sa place aux improvisations les plus débridées. L’occasion de laisser briller Don Pullen qui aime cette Italie qui l’accueille toujours avec un grand sourire, lui dont le jeu est particulièrement apprécié là-bas.
David Friesen dans le rôle de Mingus n’est pas mal non plus, et que dire de Dannie Richmond, excellent et stimulé par le créatif Afonso qui joue de mille percussions aux accents les plus divers. Une chouette pièce qui respire la douceur conjuguée aux rythmes chauds du Brésil.
La seconde pièce est un blues, « Blues By The River », George Adams se souvient de son enfance, puis de ses premiers pas de musicien pendant lesquels il accompagnait Howlin’ Wolf, Little Walter, Elmore James, Lightnin’ Hopkins et d’autres encore… Un parcours idéal qui l’emmena jusqu’à Mingus qui s’y connaît en « roots ».
C’est sûr qu’ils savent faire et là rien à dire, si ce n’est que nous plongeons direct dans la tradition, avec George qui chante avec une voix éraillée mais bien placée, il s’offre également une belle partie au sax, histoire de bien plonger au temps d’avant, d’ailleurs chacun joue le jeu, même quand George se lâche un peu en s’offrant quelques vocalises un peu surprenantes.
La dernière pièce « Melodic Rapsody » dépasse le quart d’heure, de quoi remplir la face à raz-bord et finir le voyage de la façon la plus tendre et la plus romantique. C’est en fait un duo entre le saxophoniste et le pianiste, ce dernier joue du piano électrique et soutient le saxo qui s’évertue en saccades lyriques.
L’impression est très bonne, beaucoup de douceurs qui ouvrent les portes de la « spiritual music », histoire de partir un peu et d’échapper à la pesanteur…