Kid Ink n’est pas à proprement parler un rappeur old school. Plutôt enclin à naviguer dans la vague clubbing et électro, Summer In The Winter se veut le représentant de son esprit. Pour le pire, surtout.
Souvent, certains artistes ou producteurs de talent jouent avec seulement un ou deux sets de sons. Des chouchous qui définissent souvent la vibe d’un artiste, sa signature. Pour Summer In The Winter, Kid Ink est parti de ce constat pour faire sa propre déclinaison. Sauf que quand on prend les kits de base, ça s’entend. Avec cet album publié Kid Ink veut ramener un peu de soleil dans la triste brume bruineuse de ce mois de janvier. Pour cela, il use et abuse de sons électro qu’il décline invariablement, suivant les inspirations lyriques du moment. Si on peut vraiment les appeler ainsi.
Dès « Bunny Ranch », aucune originalité, aucune personnalité ne se dégage du projet. Des titres mercantiles où les artistes vendent leur âme pour un Radio Edit, évidemment, ça s’est déjà vu. Sauf que le constat s’étale sur l’ensemble de Summer In The Winter. Supposé enflammer les dancefloors de sortie de pistes de ski, « Real Recognize » sert surtout à bourdonner la tête des clients prêts à lâcher leur bif sur quelques Magnums, tandis que « Promise », en collaboration avec Fetty Wap, servira sans aucun doute de caution urbaine au prochain Dreamworks à la mode.
Les fans d’OT Genasis et de PNL seront ravis de voir que le genre ne s’essouffle (malheureusement) pas sur « Blowin’ Swishers Pt.2 (feat. Starrah) », avec des thématiques revues et une écriture vaine. « Summer In The Winter », le morceau-titre en collaboration avec Omarion, vient beaucoup tard. Les claps ont déjà saoulé.
Faux-sucre
« Same Day », same shit, serait-on tentés de dire pour un énième titre à la ligne de basse connue. Si seulement Kid Ink se contentait de faire du déjà vu… Alors qu’on pense être servis, « Bank » nous rappelle qu’on peut encore faire de la sous-Trap même digne d’une vraie Trap House. Le pubère de 15 piges white trash des banlieues chics s’y reconnaîtra, et personne d’autre.
Aucune surprise non plus à voir Akon débarquer dans un genre qu’il a si souvent représenté, lui au moins avec un certain sens de l’auto-dérision. « Rewind », le bien nommé, revient 10 ans en arrière lors de la naissance d’un Electro-Hip-Pop dont tout le monde s’est déjà lassé. En vérité, seul « Good Idea (feat. Bïa) » peut tirer son épingle du jeu avec un orientalisme qui fait office de seule pièce créatrice de l’album.
« Time Out », aurait-on envie de crier, pour un titre final qui ne nous laisse plus aucun qualificatif abject. C’est qu’on écoute à moitié « That’s On You », cousin autiste des productions de DJ Snake et Diplo, déjà vomies après la lourde digestion estivale.
Kid Ink est, et a toujours été un artiste de single. De titres qu'on écoute et qu'on oublie. A coller ses productions surprises sur un album entier, on ne peut que se rendre compte de la vanité de l'artiste et de ses productions. Un MC qu'on ne retiendra nulle part, destiné à être dans le vent seulement pour être qualifié de feuille morte. Sale.