Album qui marque les premiers pas de Pharoah Sanders dans le jazz esotérico-spirituel. Du moins en tant que leader, puisque l'influence de Coltrane, pour qui il oeuvra longtemps en tant que sideman, est ici des plus manifestes. La première piste est sûrement l'une des meilleures oeuvres du saxophoniste. L'on parle souvent du "In a Silent Way" de Miles Davis comme d'un album de post-rock avant la lettre ; on pourrait en dire autant de cette track, qui fonctionne sur le mode du crescendo. Cette dernière s'ouvre sur une gradation improvisée (notons d'ailleurs le travail colossal des deux percussionnistes), qui débouche sur une explosion orgasmique plus structurée. C'est une piste exigeante et abstraite, qui saura cependant vous gratifier au centuple si vous daignez l'apprivoiser. S'ensuivent une interlude japonisante anecdotique et kitsch, puis un quart d'heure de free jazz moins inspiré, qui a toutefois le mérite de mieux mettre en exergue le jeu de Sanders. Globalement inégal, l'album mérite quand même d'être possédé.