En ces sinistres années "dix", nous passons tellement de temps à écouter de l'électro dépressive, des rappeurs courroucés ou haineux, des rockers à bout de course, que nous avons un peu oublié combien la musique peut être vivante, énergique, en un mot, belle.
Will Toledo, le jeune geek à lunettes qui se cache derrière le nom joliment absurde de Car Seat Headrest, après des dizaines de chansons publiées sur de nombreux albums sortis plus ou moins de manière amateur, arrive d'un coup sous les feux des projecteurs avec ce "Teens of Denial" dont on parle enfin un peu partout... mais sans doute pas assez encore.
Car comment vous décrire la musique de Car Seat Headrest ? Une sorte de rencontre entre des Strokes de la campagne avec le grunge, ce qui donne de longues envolées échevelées - à la manière d'un Neil Young, avec lequel Toledo partage clairement le goût pour les guitares bruyantes - sur laquel Ray Davies aurait été invité à chanter après avoir ingurgité pas mal d'alcool ? Ça vous évoque quelque chose ? Non, alors parlons plutôt de l'euphorie irrépressible que cette musique fait naître en nous, de ces pics d'énergie - voire d'hystérie - ça et là qui nous jettent dans une transe bienheureuse, de ces mélodies terriblement accrocheuses qui ne nous lâchent plus après deux ou trois écoutes seulement de "Teens of Denial".
Et donc de cette impression formidable d'avoir découvert, à défaut d'une musique nouvelle, au moins un nouvel artiste porté par une foi juvénile mais apparemment inextinguible en les mérites de la musique bruyante. Forever Young ?
[Critique écrite en 2016]