Il y a des albums qu’on attend avec impatience et qui déçoivent et, à l’opposé, des que l’on achète par habitude ou inertie et qui vous sautent à la gueule. The Black Chord, du groupe américain Astra, fait partie de la seconde catégorie.
À l’époque de la sortie de leur premier album, The Weirding, j’avais eu une réaction contrastée: beaucoup d’énergie, peu d’originalité, pour un clone de Yes sympathique, mais sans plus. Je n’irai pas jusqu’à dire qu’Astra a, depuis, fait des prodigieux efforts d’imagination, mais ce nouvel album, qui pioche plus du côté du rock psychédélique à la Pink Floyd ou Hawkwind (voire King Crimson ou ELP), est bien plus convaincant.
L’instrumental « Cocoon » qui ouvre le bal est à ce niveau exemplaire: une débauche de claviers d’époque (Mellotron et Moog en tête) font la course avec une guitare débridée, le tout avec un son énorme. Huit minutes trente de pure folie, qui s’enchaînent avec un morceau-titre qui frôle le quart d’heure à lui tout seul. « The Black Chord » commence sur une partie chantée l’air de rien, avant de monter les tours, de faire un petit break et de finir en apocalypse. « Accord noir », en effet!
Dans le genre hypnotique, le « Quake Meat » qui suit fait aussi très fort, avec un très long et très alambiqué instrumental final. Le bref « Drift » apporte une pause de fraîcheur, bienvenue dans un océan de noirceur psychédélique, dans lequel on replonge avec l’encore plus bref, mais intense « Bull Torpis ». « Barefoot in the Head » et ses neuf minutes concluent un album qui, avec trente minutes de moins que The Weirding, parvient à être beaucoup plus intense.
Je pourrais dire qu’avec The Black Chord, Astra prouve qu’il peut faire du bon rétro-progressif, mais ça ne serait pas très honnête. C’est surtout du rétro-progressif qui me plaît et qui me plait même beaucoup. Il devrait également beaucoup plaire à ceux qui aiment leur prog avec une dose de LSD suffisante pour faire planer une division blindée.