Michael J. Smith - The Dualities of Man (1977)
Michael Smith est un pianiste américain qui s’est exilé vers l’Europe, d’abord en Suède puis à Paris. Il a enregistré entre 1972 et 1986, puis a disparu des radars. Il a travaillé avec Paul Bley, enregistré aux côtés de Steve Lacy deux albums et un autre avec Anthony Braxton, et surtout il a enregistré des albums en solo dont celui-ci, « The Dualities of Man » sur le label italien Horo, en 1977. C’est un musicien que j’ai suivi d’assez près.
Le piano solo aime les vinyles nickels, sans bruit de fond, au son éclatant. Ici, on n’est pas chez ECM, mais si vous trouvez un l’album vous pourrez être surpris par sa qualité, les albums de Michael Smith ne se sont jamais tellement vendus et sa notoriété est faible, ce qui vous laisse toutes les chances de trouver des albums en parfait état d’écoute.
Je sais que parmi vous beaucoup seront d’accord pour admettre qu’un déficit de public ne préjuge en rien de la qualité d’un album ou de de la qualification d’un musicien. De mon point de vue, c’est un grand pianiste avec un immense talent, un toucher très sensible qui oscille entre Paul Bley qu’il a côtoyé et Ran Blake qu’il doit apprécier. Pour le caractériser plus précisément, il faudrait ajouter une sensibilité classique, peut-être du côté de Debussy, mais également de la musique contemporaine.
Sa musique est toute suspendue, avec des intervalles fréquents où les notes vibrent puis s’éteignent, des « blocs sonores » sont ainsi alignés, parfois composés d’une seule note ou de plusieurs en même temps, ou encore d’une séquence de notes d’une durée plus longue. Le registre grave du clavier est souvent sollicité. Cette façon d’agir crée une forte tension, continuelle, qui ne s’apaise pas.
Les titres ici sont assez évocateurs et relèvent de l’univers mental, « In Search of a Mind », « The Dualities of Man », « Schizophrenia », « Paranoia », je vous rassure c’est sans danger, on entend juste l’expression d’un monde intérieur qui se déchire et s’interroge.