Je ne te chercherais pas si je ne t'avais déjà trouvé
J’ai découvert la musique contemporaine de type rock assez « tardivement » dirons-nous, quoique tout soit relatif - je me souviens par exemple de ma découverte émue des Doors à 18 ans, et de Queen à 20. Ne parlons même pas de la musique électronique. La pop c’était tout de même bien plus précoce, et encore, c'était de l'obscure pop-sike, mais globalement, au lycée, je n’ai jamais écouté ni la radio, ni la musique qui sortait - toujours plutôt mue par des machins plus vieux, classique bien sûr, swing, jazz, et chanson française. Pour le moment, et quoique j’ai rattrapé une partie de mon retard - il faut bien s’occuper-, je suis donc dans une période de curiosité musicale assez altruiste et débonnaire.
Toutefois, expérience étrange, cet album m’a ramené à des jours que je n’ai pas connus, à de la musique que je n’ai jamais pourtant écoutée. Une impression de déjà-entendu massive. Mais où ? J’ai cherché parmi mes souvenirs des années lycées, tout en ayant conscience de l’absurdité de la chose. Sur mon walkman (il est mort en 2008, paix à son âme - mais où donc est passée la pochette à CD noire que j’avais toujours dans mon sac ?), je n’écoutais absolument pas ce style musical. Le seul élément qui a surgi à la surface de ma conscience désolée, c’est la musique du film Marie-Antoinette que j’ai vu à sa sortie - film pas mal du tout, au potentiel superbe, que je rêve toujours autrement qu’il n’est (dommage pour les effets de lumière dégueulasses et les moments clips). J’ai pensé à Air aussi, en me disant que j’avais peut-être vaguement écouté ce groupe à une époque reculée, vaguement ça veut dire la moitié de Moon Safari, mais ce n’est pas ça du tout.
Marie-Antoinette, donc. Un souvenir vague mais persistant, une odeur de batterie et de guitare électrique, façon années 2000. J’ai donc regardé les titres hier, j’étais en effet assez perturbée par cette réminiscence platonicienne en diable. Comme si je conservais magiquement le souvenir puissant et inconscient d’une batterie insupportable, que j’aurais entendu il y a 8 ans, trace d’un alter-monde qui aurait seulement attendu que je l’écoutasse (je n’arrive jamais à placer ce temps d’habitude, check) pour se manifester à mon esprit réjoui. Bref, j’ai enfin trouvé ! C’est un morceau de Radio Dept., « Pulling Our Weight ». Et mon esprit est certainement réjoui : il sait maintenant que ce style musical, ce n’est pas sa marotte. C’est une étape importante dans ma vie musicale, c’est pour cette raison que je suis passée par une digression un peu longue.
Non à la bouillie harmonique ! Sans vouloir citer la grenouille, c’est l’aspect qui m’a le plus déplu, cet agencement sans pureté de guitares électriques sur fond persistant de batterie (en général, quand la batterie est sous-employée, il y a des guitares électriques dans le coin. Coïncidence ?). La batterie est un de mes instruments préférés - avec le hautbois et le violoncelle -, et elle se trouve massacrée dans ce type de musique : elle est reléguée en fond sonore ; on lui confère le glorieux rôle de bruit, qui ne souligne rien, qui ne peut trouver son autonomie, qui ne peut non plus taquiner les autres instruments.
Non à l’usage de sons électroniques pour tenter de dispenser de l’originalité à l’ensemble ! Je sépare l’instrumentation de l’album en deux classes, d’un côté la guitare, la batterie, la voix, de l’autre les intrusions de synthé dans l'idée d'enrober la bête d’une sauce plus légère et lui offrir des petits sursauts de vie.
Si seulement l’album avait insisté dans la voie du début du premier morceau… Je raconte tout ça sans aucune animosité, en écoutant The Echo Show, j’ai eu l’occasion de m’inventer une autre vie, de très très loin. Le synopsis ? « Je comprends maintenant, c’aurait été comme ça si j’avais écouté la radio à l’époque».