The heliocentric world of Sun Ra vol.2
The Sun Myth 17:20
A House Of Beauty 5:10
Cosmic Chaos 14:15
Enregistré en 1965 et paru en 1966.
Regardez bien les médaillons au bas de la pochette vous y découvrirez Léonard de Vinci, Copernic, Pythagore, Galilée, Tycho Brahe (non, ce n’est pas lui l’intrus, c’est un astronome Danois) et… Sun Ra, le quatrième en partant de la gauche.
Est-il si grand notre demi-Dieu ?
Il émane de sa personne, de son nom, tel Raspoutine (par exemple) ou Mata-Hari (si vous préférez) une image de mystère, de fascination qui va au-delà même de la musique. Ce décalage est réel et même injuste au regard de son réel apport à la musique, si l’on pense à John Coltrane, Ornette Coleman ou Albert Ayler.
Pourtant il a su créer autour de sa personne une image charismatique étonnante, il aura réussi à faire ce que seuls deux ou trois avant lui (Duke Ellington, Count Basie) ont pu mener à bien : maintenir à bout de bras, contre vents et marées, l’existence d’un big-band de Jazz, traversant les modes et les décennies ! Et qui plus est en jouant la musique la plus confidentielle qui soit, souvent à la pointe de l’avant-garde musicale, une musique difficile d’accès qu’il enrobe d’une présentation visuelle, sur scène, carnavalesque et bien barrée. C’est un homme libre et indépendant qui aura su, au-delà de l’apparence, créer et partager une musique essentielle.
Le Vol.2 de ces mondes héliocentriques se partage en trois titres et prolonge la musique du vol. 1, The Sun Myth comprend toute la première face. L’introduction à la basse puis aux percussions semble parasitée côté gauche par de lointains (presque inaudibles) chants africains. Les anches arrivent, se superposent, l’archet frotte la basse, puis l’orgue intervient, les musiciens arrivent ainsi, en couches successives, ajoutant sonorités singulières et touches improvisées.
Puis l’accumulation des instruments crée une tension bienvenue qui dilate le temps, le piano du Sun intervient alors, donnant le signal d’une accélération de la musique, batterie, saxs, clarinette basse, tout s’accélère, s’ajoute… Puis pause à nouveau, claviers, moog, la basse toujours, colonne vertébrale de l’orchestre, cordes frottées à l’archet, puis pincées… Le silence.
L’introduction d’A House Of Beauty consiste en un dialogue entre Ronnie Boykins et Marshall Allen à la flûte, la musique se structure en dialogue, mais nous voilà déjà à l’intérieur de Cosmic Chaos qui évolue vers un quatuor basse, batterie, piano et un extraordinaire solo de Gilmore au ténor qui démontre ses exceptionnels talents de musicien. Les percussions interviennent tout au long du morceau, désarticulant la musique, puis lui redonnant souffle et vie en de brèves relances rythmiques…
Quarante-six ans déjà que cette musique a été jouée, elle me semble tellement actuelle et essentielle… Pourtant je me sens bien mal placé pour en juger…
(Ecrit en 2011)